Critique : Wonder Woman – Les Sentiers de la gloire

Affiche de Wonder Woman sur laquelle la super-héroïne court dans une tranchée et pare les balles avec ses ornements aux poignées.

Diana a grandi sur l’île de Themyscira, sur laquelle vivent les Amazones. Lorsqu’un pilote se crashe sur ce havre de paix, elle découvre notre monde et les horreurs de la Première Guerre mondiale. Pensant que le conflit a été lancé par Arès, dieu de la Guerre, Diana se lance à sa poursuite, convaincue qu’il a pris l’apparence du général allemand Ludendorff.

Naissance réussie d’une héroïne au cinéma après ses courtes apparitions dans Batman V Superman : L’aube de la justice, Wonder Woman s’intéresse au mystérieux passé de Diana Prince dont on apercevait une trace dans le film de Zack Snyder. Pourtant, la première partie ne laissait pas forcément présager une arrivée dans notre réalité aussi captivante.

La formation de Diana respecte certains passages essentiels à la construction de l’héroïne mais peine à impliquer pleinement le spectateur. Si la place de la future guerrière dans la mythologie grecque est intéressante à découvrir, notamment pour les néophytes, il est difficile de pénétrer dans un récit qui a pour unique fonction de planter le décor.

Photo tirée de Wonder Woman sur laquelle la super-héroïne apparaît avec ses acolytes incarnés par Chris Pine, Saïd Taghmaoui, Ewen Bremner et Eugene Brave Rock.

Les ralentis sont nombreux, les effets spéciaux parfois douteux et l’on reste finalement assez passif devant l’entraînement de Diana, jusqu’à ce qu’un homme pénètre malgré lui sur l’île des Amazones, amenant avec lui des ennemis qui briseront la paix maintenue par les guerrières.

Le spectateur assiste alors à une bataille saccadée qui place néanmoins les véritables enjeux dramatiques de l’œuvre. Après sa formation sur une île idyllique, Diana entame son parcours initiatique en faisant face à une toute autre réalité. Les premières scènes avec Chris Pine révèlent immédiatement les nuances de l’héroïne partagée entre son regard candide sur un monde qu’elle ne connaît pas et sa volonté de mettre fin au conflit.

Lors de l’arrivée de Wonder Woman en Angleterre, Patty Jenkins signe certaines des meilleures séquences du film. En rencontrant des généraux, Diana expose ses convictions et la réalisatrice s’offre enfin quelques répliques politiques, narguant à plusieurs reprises les rapports hiérarchiques et sociaux. Gal Gadot trouve toujours le ton juste pour exprimer avec sincérité des idéaux naïfs mais purs sans jamais tomber dans l’ironie involontaire, exercice pourtant difficile dans ce type de productions.

Photo tirée du film Wonder Woman de Patty Jenkins sur laquelle Gal Gadot court à travers une tranchée.

Wonder Woman préfère évidemment la carte du divertissement familial à celle du brulot contestataire mais certaines allusions, notamment à la considération des femmes dans la haute société britannique ou au massacre des Amérindiens, sont parsemées durant tout le long de l’œuvre. Le long métrage trouve un équilibre honorable entre l’évolution d’une super-héroïne dont la conscience s’élargit à mesure que ses pouvoirs augmentent aux scènes de bataille et au ton humoristique nettement plus convenus.

L’esthétique des séquences spectaculaires rappelle l’univers de Zack Snyder et ses ralentis successifs qui ne se renouvellent malheureusement pas avec le temps. On regrette également le fait que le conflit auquel Diana souhaite mettre un terme ne soit que survolé, ainsi que la présence de méchants finalement peu surprenants.

S’il se révèle parfois très subtil dans la transformation de Diana en Wonder Woman, le film de Patty Jenkins souffre en revanche du manque de singularité de l’ensemble. Le long métrage ne s’attarde que très rapidement sur les buts de la Première Guerre mondiale malgré le regard intéressant que la super-héroïne porte dessus. En revanche, la création du symbole est réussie et Gal Gadot n’a aucun mal à s’imposer comme l’un des meilleurs protagonistes que l’on ait vu dans le genre récemment.

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