Plus d’un an après sa sortie, nous avons enfin découvert World War Z, blockbuster apocalyptique des familles. Si le long métrage offre quelques jolies séquences notamment lors de la découverte et l’expansion du virus, ces dernières ne suffisent pas à masquer l’absence de parti pris de ce grand spectacle sans âme, formaté pour un public aussi large que possible et s’éloignant considérablement d’un genre dont l’analyse et la critique sociales étaient les objectifs majeurs.
Marc Forster dévoile dans les premières minutes à travers certains plans iconiques un hommage appuyé au maître Romero (L’armée des morts) mais la tension baisse rapidement et l’on comprend que nous sommes dans un blockbuster efficace mais aseptisé, où le terme zombie n’est pas tellement approprié. Les créatures son d’ailleurs l’un des problèmes du film. Durant certaines scènes spectaculaires, à l’image de l’assaut sur Jérusalem, les effets spéciaux sont douteux et les créatures en 3D ne sont pas particulièrement effrayantes. Nous avons là le même souci que Je suis une légende, autre film de genre aux qualités indéniables dans lequel le message désabusé était mis de côté au profit du parcours prévisible d’un héros auquel on a beaucoup de mal à s’attacher.
Le réalisateur du très décevant Quantum of Solace n’est jamais parvenu à développer des enjeux dramatiques touchants, mis à part dans L’incroyable destin de Harold Crick. C’était le problème de Machine Gun Preacher, Stay et à L’ombre de la haine, des œuvres au sujet intéressant qui manquaient cruellement d’émotions alors que le propos avait de quoi prendre le spectateur aux tripes. Dans World War Z, on aimerait se sentir concernés par cette histoire universelle et terminer le film secoués à l’idée de l’apparition d’une telle pandémie. Avec sa mise en scène très détaillée et son montage oppressant, Steven Soderbergh avait réussi à nous donner cette sensation avec Contagion. Ici, ce n’est jamais le cas. Nous assistons à l’extinction de l’humanité avec un œil distant, curieux de savoir comment tout cela va se finir tout en étant conscients que le blockbuster n’est pas là pour nous sortir de notre zone de confort.
Si Marc Forster est un yes man sans univers, il reste néanmoins un bon directeur d’acteurs. Ce qui s’avère le plus réussi dans Wolrd War Z, ce sont les réactions de Brad Pitt, ancien enquêteur de l’ONU forcé de reprendre son poste pour comprendre le virus et éventuellement trouver un antidote. Cette quête l’emmènera aux quatre coins du monde, et l’on ne peut pas reprocher à World War Z de ne s’intéresser qu’au territoire américain.
Malheureusement, si le rythme ne faiblit jamais et que les vingt premières minutes ainsi que certaines scènes d’action sont irréprochables, le long métrage manque de férocité et n’a ainsi qu’un impact limité sur son spectateur. Du côté de la mise en scène, Marc Forster reprend la shaky-cam de Quantum of Solace. Alors qu’il réussit à évoquer des détails intéressants sur les techniques de survie du personnage principal, le cinéaste n’arrive pas à les mettre en valeur dans des passages illisibles. On pense notamment à l’évacuation de la base militaire en Corée du Sud.
Forster tente de nous immerger dans un univers réaliste tout en conservant un message « optimiste ». C’est hélas, le plus gros point faible de ce blockbuster qui aurait pu démocratiser un genre incontournable, notamment grâce à la présence d’un Brad Pitt toujours impeccable. Au final, World War Z est une œuvre qui n’échappe pas au conformisme hollywoodien et marque le spectateur grâce à sa dimension spectaculaire et non son propos radical. On se contentera de revoir 28 semaines plus tard, qui réussissait à allier parfaitement le grand spectacle avec les dilemmes impossibles auxquels les survivants sont confrontés.