Après les connexions temporelles vécues par Wolverine et deux générations de mutants dans Days of Future Past, les X-Men ont repris une vie normale dans les années Reagan. Charles Xavier gère son foyer parfaitement, toujours aidé par Hank McCoy tandis que Mystique est devenue malgré elle une icône révolutionnaire et que Magnéto vit paisiblement avec sa famille en Pologne.
Arrive alors Apocalypse, le tout premier mutant, divinité de l’Egypte ancienne qui compte bien reprendre son statut après des millénaires de sommeil enterré au Caire. Pour détruire le monde construit par les humains, Apocalypse va s’entourer de quatre Cavaliers et tenter de récupérer son dû.
Comme toujours chez Singer, le poids de l’histoire comme conditionnement des sociétés actuelles occupe une place fondamentale. Nous revenons une nouvelle fois sur les événements fondamentaux du XXème siècle à commencer par la Seconde Guerre Mondiale, la Guerre Froide et l’armement nucléaire massif. Le cinéaste s’intéresse aux lourdes retombées de ces faits historiques et les met en relation avec le combat des mutants commencé dans le camp d’Auschwitz et perpétué depuis par Xavier et ses élèves.
Les mutants sont désormais tolérés dans le monde mais ne sont pas pour autant acceptés. La peur et le rejet qu’ils engendrent s’expriment de manière plus insidieuse et silencieuse.
L’arrivée d’Apocalypse bouleverse la situation et remet en question les symboles religieux. Est-il un faux dieu de plus ou la solution écrite aux maux des mutants ? Le propos par rapport au leader surpuissant renforce la dualité et les divergences entre Magnéto et le Professeur Xavier. Plutôt que de montrer l’étendue des pouvoirs d’Apocalypse, capable de (quasiment) tout, Singer préfère s’attarder sur le positionnement des deux héros vis à vis de son apparition. Au delà des séquences de destruction visuellement riches, c’est leur opposition qui continue d’intéresser le spectateur et s’étoffe jusqu’au final époustouflant.
La mise en place est longue car X-Men : Apocalypse a pour ambition d’introduire beaucoup de nouveaux personnages. Entre les figures emblématiques, les jeunes recrues de Xavier et l’escouade d’Apocalypse, le développement des protagonistes s’avère parfois fastidieux. Psylocke, Angel et d’autres manquent clairement d’épaisseur mais Singer réussit habilement à se sortir de la lenteur de l’exposition.
Une fois que l’attachement aux protagonistes est établi, le long métrage prend de l’ampleur au même titre qu’X-Men 2 lorsque l’on comprenait la menace que Stryker représentait. L’alchimie entre les mutants est là et leurs souffrances communes créent un élan de solidarité qui procure au film des passages épiques.
S’il suit un schéma traditionnel et ne s’élève en rien par rapport aux autres épisodes, X-Men : Apocalypse ne met jamais de côté ses enjeux dramatiques et continue de faire évoluer ses héros phares, à l’image de Mystique qui a énormément gagné en maturité depuis Le Commencement et ne cesse de porter le groupe. Le méchant surmaquillé n’impressionne pas particulièrement mais Oscar Isaac lui apporte la retenue nécessaire pour ne pas le transformer en bête de foire.
La scène finale montre qu’il est nécessaire de comprendre le passé pour anticiper le futur et empêcher les éventuelles catastrophes. Depuis le premier épisode, Singer a construit la trame narrative en fonction de ce message et si Apocalypse n’est pas le meilleur X-Men, il condense néanmoins tous les thèmes et qualités de la saga.