Il est très difficile de savoir à quoi s’attendre lorsque l’on regarde l’affiche du nouveau film d’Alexandre Astier. S’agit-il d’un thriller ou d’un drame ? Pourquoi Isabelle Adjani a-t-elle des cheveux blancs ? Est-ce une perruque ? Interprète-t-elle la mère d’Astier ? Comment ce dernier s’est-il retrouvé avec ce pansement sur le nez ? Est-ce suite à une bagarre ? Ou s’est-il tout simplement pris sa porte d’entrée en pleine face en voulant rentrer chez lui la nuit tombée ? De plus, le poster peut rendre sceptique car il nous rappelle grandement celui de The Tourist, le remake pas folichon d’Anthony Zimmer, avec Angelina Jolie et Johnny Depp. Mais avec un duo aussi improbable et la présence d’Astier derrière la caméra, on ne peut que se laisser tenter.
David vient tout juste d’intégrer une clinique suisse en tant qu’ergothérapeute. Un matin, il doit s’occuper d’une patiente, madame Hansen suite au désistement de l’une de ses collègues. Le programme était simple, David devait accompagner madame Hansen s’acheter des chaussures en ville. Mais leur promenade prendra une tournure inattendue.
Le gros point fort de David et madame Hansen est qu’on ne sait jamais où le long métrage va nous emmener. Astier nous offre un scénario riche et complexe, même si certains spectateurs ne seront pas surpris par le dénouement. Il maîtrise totalement son récit, l’agrémente d’une mise en scène sobre et toujours efficace. Certains passages sont très réussis, à l’image des élégantes scènes de flashbacks. On savait déjà que l’artiste était un dialoguiste hors pair après avoir vu et apprécié sa série culte Kaamelott. Ici, Adjani nous balance des répliques cinglantes et irrésistibles et le réalisateur lui offre un rôle à la hauteur de son talent. Après De force, thriller médiocre, l’actrice fait un comeback fracassant et effectue sa plus belle prestation depuis très longtemps. Elle aurait pu tomber dans la caricature avec ce personnage de femme brisée qui n’a aucun repère mais ce n’est jamais le cas. Elle est solidement épaulée par Astier, toujours très naturel.
L’autre force du film est de ne jamais tomber dans les émotions faciles. David veut aider Madame Hansen mais n’est pas présenté comme un sauveur. Il a aussi ses torts et commet des fautes et le fait d’intégrer sa famille au scénario est un avantage puisque l’on découvre le personnage en profondeur, avec ses casseroles et sa volonté de les surpasser. Astier sait provoquer l’empathie pour ses personnages et le plus intéressant dans son film est son analyse sincère des rapports humains. La seconde partie de l’œuvre est trop lourde et même si elle contient des fulgurances, on n’apprécie moins ce face à face à cause des quelques longueurs. Heureusement, Astier conclut brillamment son long métrage et retrouve tout l’humour et la subtilité de la première moitié. On ressort de la salle comblé et l’acteur-réalisateur-scénariste-compositeur (rien que ça !) vient de nous prouver une nouvelle fois qu’il était un homme aux multiples talents.
David et madame Hansen est la bonne surprise de la semaine. Astier signe un film prenant avec quelques passages en trop et nous dévoile deux protagonistes réellement attachants. Le duo atypique qu’il forme avec Adjani est mémorable et le long métrage est en grande partie à découvrir pour leur interprétation magistrale.
Vous m’avez convaincu d’aller le voir !
Je viens de lire la chronique du site Asbaf qui est loin d’être aussi tendre que la vôtre!
Comme quoi il en faut vraiment pour tous les goûts!