Critique : Dead Man Down – La vengeance aux deux visages

Affiche du film Dead Man Down sur laquelle nous voyons le profil de Noomi Rapace et Colin Farell tenant une arme. L'esthétique et les couleurs des affiches rappellent celles de la trilogie Millenium.

Réalisateur du premier Millenium, polar de très bonne tenue, Niels Arden Oplev vient d’être accueilli à Hollywood pour tourner Dead Man Down, un autre thriller grâce auquel il a l’occasion de collaborer à nouveau avec l’interprète de la géniale Lisbeth Salander, Noomi Rapace. Si cette dernière n’a plus rien à prouver au niveau de sa carrière américaine (Prometheus, Passion), on se demandait si Oplev allait réussir à imposer son style et à signer une œuvre aussi réussie que son adaptation du roman de Stieg Larsson.

Victor est un membre de la pègre new-yorkaise solitaire. Chaque jour, il échange des regards avec la femme qui vit de l’autre côté de sa rue. Le jour où elle lui fait un signe et lui propose de se rencontrer, c’est le début d’une relation mystérieuse bourrée de faux semblants qui viennent heurter l’attirance qu’ils ont l’un pour l’autre.

Dead Man Down fait partie de ces longs métrages dont le scénario se dévoile petit à petit. Dans les premières minutes, on est perdus au milieu de plusieurs personnages qui organisent une vendetta sanglante mais l’on ne connaît jamais les raisons du carnage. On suit un homme silencieux et apparemment impitoyable, une héroïne complètement traumatisée. Au fur et à mesure, nous découvrons les intentions de Victor et Béatrice et les trahisons s’enchaînent avant de laisser place à un récit plus convenu et moins surprenant dans le dernier tiers.

Mais s’il abandonne les retournements de situation qui ouvraient son film, Oplev conserve jusqu’au bout une ambiance très noire et mélancolique qui donne à Dead Man Down tout son charme. Si vous étiez venus voir de l’action brutale, vous risquez d’être déçus car l’œuvre préfère s’attarder sur ses deux personnages principaux, développés avec justesse et profondeur. L’intrigue criminelle est finalement relayée au second plan à tel point que le spectateur finit par trouver les séquences de confrontation assez anecdotiques. Ce qui importe, c’est la relation entre ces deux êtres torturés qui se fascinent mais se craignent. On passe donc de scènes où la tendresse est exprimée par les gestes et les regards à des altercations verbales assez violentes durant lesquelles on se dit que l’histoire peut déraper à tout moment.

Photo de Colin Farrell et Noomi Rapace dans le film Dead Man Down. Les deux acteurs sont dans une voiture dans une rue, la nuit. Rapace regarde étrangement Farrell qui semble distant et regarde au loin.

Dead Man Down n’aurait pas provoqué le même effet sans ses deux comédiens principaux. Colin Farrell laisse tomber le cabotinage de Total Recall ou Fright Night et retrouve ici un rôle puissant. Il n’hésite pas à se mettre en retrait et en devient ainsi touchant, comme c’était le cas dans le sous-estimé Miami Vice de Michael Mann ou l’oubliable London Boulevard. Noomi Rapace est quant à elle toujours aussi à l’aise dans les prestations ambigües et l’on se demande constamment si son personnage est celui de la victime innocente ou de la femme fatale. Dans les seconds rôles, Terrence Howard (Hustle & Flow) et Dominic Cooper (The Devil’s Double) sont relativement sobres et ne tombent pas dans l’exagération typique que l’on retrouve dans certains films de gangsters. Enfin, Isabelle Huppert amène une petite dose de légèreté et d’humour au milieu de la grisaille new-yorkaise. Si son personnage n’était pas indispensable, sa présence n’est en revanche jamais de trop.

Dead Man Down, ça tire peu et ça discute beaucoup mais dans le cas présent ce n’est pas plus mal. Oplev aime ses personnages et parvient à les rendre attachants. Même si son œuvre est mineure, elle n’en demeure pas moins efficace et divertissante.

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