C’est peut être le long métrage qui avait le moins sa place au dernier Festival de Cannes mais c’est en tout cas celui qu’on attendait le plus. On peut comprendre que le classicisme n’ait pas enchanté le Jury car Des hommes sans loi est un film de gangsters qui reprend tous les codes habituels du genre. En revanche, il confirme tout le bien que l’on pensait de John Hillcoat, metteur en scène qui fait ici un retour en force après le western The proposition et le post-apocalyptique La route.
En 1931, dans le comté de Franklin en Virginie, les frères Bondurant sont les trafiquants d’alcool les plus connus du coin. Insoumis et respectés, la famille a su bâtir sa réputation et entretient la légende qui dit qu’ils sont immortels. Lorsque l’agent spécial Charlie Rakes est envoyé dans le comté pour surveiller la contrebande, Forrest, l’aîné, le menace immédiatement et lui fait comprendre qu’il ne suivra pas ses règles. Mais Rakes est une ordure de la pire espèce et ne compte pas se laisser marcher dessus. Entre les deux camps, la guerre est déclarée.
L’année passée, on se souvient du choc australien Animal Kingdom dans lequel on suivait le parcours d’une famille de criminels à travers le regard d’un enfant réservé mais ambitieux. Cette fois-ci, nous changeons d’époque et de pays mais nous retrouvons une nouvelle fois un adolescent fasciné par ses modèles, des crapules qui ont choisi une destinée dangereuse. On retrouve en Jack Bondurant le jeune Henry Hill des Affranchis ou le Calogero d’Il était une fois le Bronx. Comme eux, il rêve de marcher sur les chemins de la gloire, de se pavaner en costard dans une belle Ford, une mitraillette Thompson bien au chaud dans le coffre. Influencé non pas par ses aînés mais par un gangster de la ville interprété par un Gary Oldman (La taupe) plus menaçant et charismatique que jamais, Jack risque d’envoyer toute sa famille dans la tombe à cause de sa gourmandise.
John Hillcoat dresse une belle reconstitution de l’Amérique des 30’s, aborde un aspect de la prohibition que l’on ne connaissait pas et fait un parallèle embarrassant entre l’oisiveté du héros et la population touchée par la Grande Dépression. Après son adaptation réussie du roman de Cormac McCarthy La route, il s’attaque à l’ouvrage de Matt Bondurant, The wettest county in the world. Selon nous, Des hommes sans loi s’avère plus audacieux que son précédent long métrage, réappropriation honorable mais trop impersonnelle. Il apporte à son film une touche d’humour qui confère de la légèreté à un récit particulièrement violent. Il alterne des scènes lentes et silencieuses mais jamais ennuyeuses avec des séquences brutales et éprouvantes qui tiennent en haleine le spectateur. Le plus intéressant dans Des hommes sans loi, ce sont les rapports qu’entretiennent ces trois frères totalement opposés.
Le premier est magistralement interprété par Tom Hardy, qui est définitivement le meilleur acteur du moment. Il trouve ici un rôle de brute complémentaire à ceux qu’il tenait dans ses précédents longs métrages puisqu’il est moins hystérique que Bronson, plus doux que dans Warrior et moins maléfique que dans The Dark Knight Rises. On pourrait penser que le comédien n’est bon que pour jouer des nerveux mais ce serait se tromper. A chaque nouveau film, il montre que sa palette est très large et prouve à travers l’humour qu’il est capable de jouer de son image. Ici, il s’avère particulièrement touchant en protecteur de ses frères et du personnage incarné par Jessica Chastain (The Tree of Life), autre révélation hallucinante de ces dernières années. En ce qui concerne les autres, Shia Labeouf (Transformers) nous livre sa meilleure prestation, tout simplement. Jason Clarke, plus effacé, fait preuve d’une présence considérable et Guy Pearce (L.A. Confidential) fait partie de ces méchants qu’on adore détester.
Des hommes sans loi est un film qui ne révolutionne en rien le genre mais qui se regarde avec un énorme plaisir. John Hillcoat aime ses acteurs, nous offre quelques séquences qui resteront dans les annales et signe une œuvre capable de séduire les amateurs de gangster flicks mais aussi les autres. Foncez, c’est la sortie de la semaine.
J’aime beaucoup la scène du combat de coqs qui résume assez bien les moeurs de l’époque! En tous j’ai passé un bon moment même si le film accuse certaines faiblesses (Gary Oldman trop peu présent, phases de repressions torchée en 20 sec et en accéléré s’il vous plait!) A côté de ça, leboeuf est juste impressionnant, castaing envoutante et hardy charismatique comme jamais. Un bon moment de cinema meme si le film ne remplira pas mes étagères dans l’immédiat tt du moins!
Trés bonne critique en tous cas, justifiée!
Merci beaucoup ! Je suis d’accord avec tous les défauts que tu pointes ! Mais ils ne m’ont pas dérangés, j’étais pris dedans et j’ai passé un très bon moment 🙂