Tout le monde connaît le film dont nous allons parler. Perle de la comédie américaine réalisée par le maître Blake Edwards (La party, La panthère rose), Diamants sur canapé est surtout connu pour avoir fait d’Audrey Hepburn un véritable mythe. Tapez son nom en recherche Google Images, et la moitié des photographies proviennent de ce film. Les Ray-Ban et le fume-cigarette sont des objets qui seront à jamais associés à elle. Mais qu’en est-il du long métrage ? La star monopolise tellement notre attention qu’on en oublie de se poser la question.
Blake Edwards était un auteur inventif, aux scénarios peu communs et aux situations irrésistibles. Ne sachant pas du tout à quoi m’attendre en lançant le DVD, j’ai découvert durant les premières minutes une scène de rencontre entre Hepburn et son compagnon à l’écran George Peppard (L’agence tous risques) dans un charmant immeuble new-yorkais, dans lequel l’homme vient emménager mais ne dispose pas encore des clés. Les dialogues sont enlevés, la fougue et le charisme des acteurs sont là, on retrouve les éléments burlesques chers à Edwards, notamment représentés à travers le personnage de Mickey Rooney et sa mise en scène gracieuse. Audrey Hepburn est une vraie pipelette, George Peppard est à l’inverse très réservé. Le duo fonctionne à merveille dès leur première séquence ensemble.
J’avais dans l’idée que le film allait se situer en majorité dans l’immeuble des deux compères, puisqu’on se retrouve quelques minutes après dans l’appartement d’Hepburn pour une petite fête qui n’est pas sans nous rappeler La party, la dégénération en moins. Mais ces séquences en intérieur sont là pour mieux nous présenter le duo et en particulier Hepburn, personnage riche beaucoup plus profond que sa frivolité apparente. Elle est fragile, cherche un homme qui la mettra à l’abri financièrement mais réprouve toute forme d’affection même si elle n’en reste pas moins chaleureuse et pétillante. Nous sommes comme le personnage principal, perdus entre sa bonne humeur et ses moments de détresse. Peppard est excellent puisque, sans prononcer beaucoup de paroles, il parvient à nous faire comprendre qu’il tombe petit à petit sous le charme de sa voisine et qu’il n’arrive plus à se passer d’elle. Puis arrive un mystérieux personnage en bas de l’édifice. Dès lors, on commence à se balader dans New York avec le héros, à découvrir avec lui un secret sur la fausse ingénue qui nous rattachera encore plus à elle et amènera plusieurs éléments dramatiques très touchants.
Edwards, grâce au scénario de Truman Capote, le célèbre auteur de De sang froid, amène une certaine complexité rare dans les comédies romantiques, parvient à nous faire douter jusqu’à la fin sur les prises de décision d’Hepburn et pimente son récit principal de sous intrigues toujours drôles, subtiles et jamais superficielles. Comme l’avait fait Billy Wilder dans l’excellent 7 ans de réflexion, il sait à merveille occuper et jouer avec ce cadre limité que lui offrent les scènes d’intérieur et l’on ne se sent jamais étouffé, à tel point que passer la moitié du film dans cet espace clos en devient une véritable partie de plaisir. Voir George Peppard admirer Hepburn fredonner Moon River est un pur instant de bonheur. En revanche, lorsque le réalisateur nous emmène faire un tour dans la grosse pomme pour nous faire assister à l’une des plus belles escapades romantiques de l’histoire du cinéma, on ne peut pas dire non et l’on est plus que satisfait d’aller prendre l’air.
Diamants sur canapé, c’est de 1961 mais ça paraît plus jeune que les trois quarts des comédies romantiques américaines sorties ces dernières années. Audrey Hepburn incarne l’élégance absolue et n’a vraiment pas besoin de bijoux pour être sublime.