C’est officiel, John McLane n’est plus. On pensait que même avec la meilleure volonté du monde, les terroristes les plus redoutables du globe ne réussiraient pas à l’atteindre et à l’achever. Et pourtant, c’est une ordure du nom de John Moore qui avait déjà réussi à mettre une balle dans la tête d’un dénommé Max Payne qui s’en est chargée. L’homme vient de détruire un mythe, de casser une œuvre qui aura révolutionné le cinéma d’action et d’abattre un héros cool et badass qui n’est plus qu’un papy gâteux complètement largué.
Et ce n’est pas parce qu’il est en Russie, parti sauvé son fiston agent de la CIA, que McLane est déboussolé. Dès les premières minutes, on lit sur son visage la détresse, la fatigue et l’incompréhension. Bruce Willis prend son air contrarié du début à la fin du film et retombe, après les excellents Looper et Moonrise Kingdom, dans un registre déprimé et déprimant. On sent que le vieux ne sait pas vraiment pourquoi il continue l’aventure. On sait juste que la raison n’est pas artistique. Mais malgré son détachement flagrant, ce n’est pas lui le salaud dans l’histoire.
Les types de la Fox n’en ont clairement rien à cirer. Tout ce qui les importe, c’est d’avoir le titre Die Hard, la tête vénère de Bruce sur l’affiche et deux ou trois scènes d’action à mettre en avant dans une bande annonce qui donnera envie à tous les jeunes en quête de bourrinades de se rendre au cinéma. Les fans de la première heure iront quoi qu’il en soit assister au désastre et enterrer le flic le plus emblématique de leur jeunesse et le plus charismatique depuis Dirty Harry. Die Hard – Belle Journée Pour Mourir est sans aucun doute le blockbuster le plus malhonnête, le plus moche et le plus débile de ce début d’année.
John Moore est un tâcheron qui n’a jamais su mettre en boîte un film. Le Yes Man de la Fox tourne son long métrage à la manière d’une série Z préparée en Bosnie et mettant en vedette le grand, l’unique, Stevie Seagal. Et pourtant, même les DTV avec le gros samouraï pédophile paraissent plus agréables à regarder. On peut les prendre avec humour et voir un chanteur de country briser une nuque à l’aide de sa carte bleue, c’est toujours un plaisir. Ici, mis à part du dégoût, l’œuvre ne provoque aucune sensation. Avec ses gros plans foireux et son montage épileptique, John Moore nous offre une mise en scène qui vient s’opposer directement à la réalisation du génie John McTiernan qui avait une approche de l’espace parfaite et savait filmer des séquences spectaculaires lisibles dans les classiques Piège de cristal et Une journée en enfer.
On a l’impression que le cinéaste n’a jamais visionné les épisodes précédents. McLane pourrait être n’importe quel flic de n’importe quelle ville, ayant vécu n’importe quelle aventure, ce serait exactement la même chose. Toute l’épaisseur du personnage ainsi que son sens de l’humour ont disparu et aujourd’hui, le lieutenant n’est plus qu’un gros beauf pas très futé qui pense que faire des câlins à son fils, c’est sale et un peu honteux. Sans le fameux « Yippee Ki Yay » et la tête chauve qui l’incarne, on ne l’aurait jamais reconnu. Son fils n’est pas mieux. On avait déjà trouvé un Sam Worthington, ce qui était largement suffisant, on vient de trouver un sous Sam Worthington en la personne de Jai Courtney (Jack Reacher).
La dernière chose à laquelle tous les membres du projet ont oublié de penser, c’est le scénario. La Russie et ses méchants trafiquants, c’est has been depuis maintenant 20 ans et les scénaristes n’ont rien trouvé de mieux que de nous faire faire une petite balade à Tchernobyl où seuls Bruce Willis et son rejeton n’ont pas besoin de masques à gaz.
Die Hard – Belle Journée Pour Mourir appartient à cette catégorie de films qui nous donnent envie de croire en l’avenir du cinéma. Il se dégage de l’œuvre une authenticité qui fait que l’on comprend que toute l’équipe s’est réellement investie et a fourni de gros efforts pour dépasser tout l’aspect financier du blockbuster et se concentrer uniquement sur son esthétique et sur la manière de compléter voire dépasser les précédents opus. Si seulement.