Critique : Disparue – Gone Baby Gone

Affiche du film Disparue sur laquelle Amanda Seyfried paraît méfiante et tient une arme devant un fond destructuré.

Disparue fait partie de ces œuvres qui ne devraient plus exister en 2012, pompent allègrement le scénario et la mise en scène de modèles pourtant pas si vieux et surtout pas toujours exceptionnels. Voici le pitch de ce film tout moisi :

Un jour, Jill est kidnappée par un psychopathe dans un parc régional gigantesque. Miraculeusement, elle parvient à s’extirper des griffes de son ravisseur. Après ce tragique événement, la jeune femme tente de reprendre une vie normale. Mais lorsque sa sœur disparaît à son tour, c’est le début d’une course poursuite effrénée dans les rues de Portland. Jill en est persuadée, le tueur est revenu pour elle. Mais la police doute de sa crédibilité. En effet, aucune trace de son enlèvement n’a jamais été retrouvée. Veut-elle attirer l’attention ? Est-elle folle ou a-t-elle affaire à un monstre méthodique ?

Disparue est donc un mélange du Silence des agneaux, du Collectionneur et de tous ces thrillers des années 90 qui comportent une histoire de kidnapping, de femme forte et de psychopathe fasciné par la gente féminine. Mais le long métrage n’est pas pourri uniquement parce qu’il a 20 ans de retard. S’il parvient à nous irriter, c’est aussi à cause de son actrice principale. Il faut dire qu’Amanda Seyfried n’est pas aidée par la mise en scène et le script qui l’obligent soit à courir, soit à marcher avec une capuche dans la rue pour ne pas égayer les soupçons, soit à se cacher plus de vingt minutes dans les cabinets d’un Castorama local. Le seul avantage de tout cet exercice sportif, c’est que la star n’a plus besoin de cavaler avec les énormes talons aiguilles qu’elle se tapait dans Time out. Vous l’aurez compris, la comédienne se perd dans un lot de clichés, apprend les arts martiaux façon JLO dans Plus jamais pour défoncer la tronche du pervers qui lui rôde autour et qu’elle est la seule à ne pas voir.

Photo d'Amanda Seyfried dans le film Disparue qui court dans une rue au milieu de la route en pleine nuit.

Dans ce genre de films, l’aspect le plus intéressant est de vouloir deviner qui est le tueur. La réalisation codée éveille les soupçons sur plusieurs personnages, et comme devant une rediffusion des Experts, on est toujours en train de se dire : « C’est lui, c’est sûr, avec sa tête de taré. Mais on ne le voit que depuis la trente-deuxième minute, c’est pas possible, ça doit forcément être l’autre. » Eh bien ici non, on croit connaître l’identité du type pendant une heure vingt, mais on se trompe. Le dingue est un illustre inconnu qu’on ne verra que cinq courtes minutes dans un final aussi ridicule que prévisible, dans lequel il tente de faire son Hannibal Lecter téléphonique. Le réalisateur Heitor Dahlia (A dériva) ne réussit même pas à nous faire douter de la santé mentale de son héroïne et loupe donc intégralement son coup. On assiste à un jogging sur grand écran bourré d’incohérences et de raccourcis scénaristiques.

Le reste du casting venant de séries B douteuses n’est d’aucune utilité et l’on se demande pourquoi Jennifer Carpenter (Faster, Le pacte), venue faire ses plans durant une journée de congé entre deux épisodes de Dexter, n’en reste pas au petit écran qui lui va beaucoup mieux.

Quand on apprend que le cinéaste compare son film à une tragédie grecque, on se dit qu’on a probablement pas vu le même. On s’en veut parfois de démonter des longs métrages mais lorsque des types comme ça se la pètent et prennent leurs bouses pour des films d’action de haute volée et des drames existentiels, on finit par comprendre, encore une fois, que le méchant n’est pas toujours celui qu’on croit.

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