Le found footage, cette technique qui consiste à présenter des longs métrages basés sur des images d’archive, commence sérieusement à nous épuiser. Alors que tous les genres y passent, de la comédie (Projet X) au film de super-héros (Chronicle), les producteurs continuent de s’en mettre plein les fouilles avec une démarche qui ne coûte quasiment rien et prend son spectateur pour un gros débile. Nous en avons la preuve avec la saga Paranormal Activity, que l’on sait profondément insipide mais que nous allons malgré tout découvrir en salles. Aujourd’hui, End of Watch, thriller intense et apparemment « choc » signé par un spécialiste, David Ayer, débarque au cinéma et constitue la première expérimentation du found footage sur une oeuvre policière.
Bryan et Mike sont deux officiers de la LAPD. Chaque jour, ils patrouillent dans le secteur 13, un quartier chaud de Los Angeles tenu par les gangs. Pour montrer la dure réalité de leur quotidien, Bryan décide de patrouiller avec une caméra pour réaliser un documentaire censé retranscrire les horreurs auxquelles ils doivent faire face.
Commençant avec un speech démago et très « américain », End of Watch nous dévoile immédiatement ses défauts et montre tout ce que l’on redoutait avant de pénétrer dans la salle. On sait que David Ayer est incollable sur la criminalité et sur L.A. Il l’a prouvé avec les scripts des sympathiques Training Day et Dark Blue et les deux œuvres qu’il a lui-même réalisées, Bad Times et Au bout de la nuit. Il n’y a malheureusement rien d’original dans son nouveau film. Toutes les situations tordues, tous les dialogues politiquement incorrects, le public les a déjà vus autre part et en mieux.
Le pire, c’est qu’Ayer nous fait croire qu’il innove avec un concept périmé et avec le fait que nous tournons avec deux flics de première ligne. On comprend qu’il veuille leur rendre hommage, mais cette manière n’était pas la meilleure. Sa mise en scène est complètement incohérente et ne respecte aucunement le principe du found footage. Il l’utilise uniquement pour faire passer la pilule de la caméra portée et pour tenter l’immersion qui provoque le malaise à la manière d’un reportage produit par Charles Villeneuve. Il signe probablement son long métrage le moins tendu et le moins prenant. S’ils utilisaient des codes plus classiques, Au bout de la nuit et Bad Times constituaient cependant de purs plaisirs rythmés et bien interprétés.
La qualité du jeu d’acteurs est d’ailleurs le gros point fort du film. Comme dans Jarhead, Jake Gyllenhaal casse son image et s’avère brillant, faisant oublier la catastrophe Prince of Persia. Il est épaulé par Michael Peña, second rôle irréprochable (Collision, Observe and report). Enfin, la présence de Frank Grillo (Le territoire des loups) et Anna Kendrick (In the air) est également un ravissement même si leur temps de présence à l’écran est trop court. Voulant développer des héros complexes, Ayer se perd, ressasse des idées réchauffées et nous rappelle que tout le monde n’a pas le talent de Michael Mann (Heat).
Au final, End of Watch n’est pas la purge de l’année mais il n’apporte rien au genre. N’y allez pas en vous attendant à une plongée ultra-violente dans les quartiers chauds. Même si c’est son ambition, il vaut beaucoup moins le détour que Training Day ou la série The Shield, référence ultime en la matière.
Je te trouve très dur… Si je suis ok avec ta conclusion il n’en demeure pas moins que ce film change une donne importante : les « héros » sont ici des flics de base, la très grosse majorité dse polars sont des officiers, dédectives et autres gradés de services plus ou moiins d’élite. C’est un des rares films à mettre en avant de simples flics de manières sérieuses.
Je suis d’accord avec ce que tu dis mais je trouve que même s’il nous immerge dans leur quotidien et veut leur rendre hommage, il se tire une balle dans le pied avec une réal faussement tape à l’oeil et un scénario qui manque d’originalité pour vraiment les mettre en valeur…