Critique : Fast & Furious 6 – La Horde sauvage

Affiche du film Fast & Furious 6 sur laquelle nous voyons tous les personnages principaux autour de voitures. A l'arrière plan, nous distinguons la ville de Londres.

Après deux semaines d’absence des salles de cinéma, de la toile et de privation de tous composés électroniques, de lumière et d’eau, la seule chose intéressante que l’on ait trouvé à faire pour se réinsérer dans la vie culturelle et sociale après l’ouverture des stores et des fenêtres de la demeure est le visionnage de Fast & Furious 6. En ce moment, Only God Forgives, Le passé et La grande belleza sont à l’affiche et bénéficient de la prestigieuse mention « Festival de Cannes ». On est certain que ces trois œuvres, à défaut d’êtres passionnantes et abouties, sont remplies de choses intéressantes et suivent une réflexion logique, ce qui n’est pas vraiment le cas de la saga Fast & Furious. Pourtant, allez savoir pourquoi, après une hibernation printanière rude et agitée, nous nous sommes laissés tenter par ce que la plupart des critiques qualifieront de « beauferie ultime » (et ils n’auront pas forcément tort) et nous avons mis de côté toute cette effervescence intellectuelle déployée par ce grand Festival dans la planète cinéma.

Si vous êtes scientifiques ou végétaliens, que vous aimez les films pour leur réalisme et leur immersion dans la vie quotidienne pour sonder les traumas de l’humanité, Fast & Furious 6 est fait pour vous. Il vous dévoilera un monde parfait, un monde où la bière, l’oseille et le barbecue deviennent des perspectives de vie, un monde dans lequel l’expression « Bikinis and big booties bitches » est placardée à l’entrée de chaque musée, mairie ou lieu de culte. Dans ce monde là, Vin Diesel est le roi, l’empereur. Et ce qu’on ne peut pas lui reprocher, c’est d’avoir su avec ses compères faire évoluer une franchise qui nous a réellement bluffés depuis son cinquième opus.

Aujourd’hui, Fast & Furious, ce n’est plus le tuning. Si l’on devait comparer les deux derniers épisodes à deux autres actionners, ce serait les Expendables. Et l’on peut dire que Diesel a réussi là où Stallone a échoué malgré sa sincérité et sa volonté de raviver un cinéma old school et artisanal. Là où Fast & Furious détrône Expendables, c’est dans ses scènes d’action, certes complètement incohérentes, mais réellement jouissives, tendues et spectaculaires. On n’est pas sortis plus intelligent de la séance mais nous avons eu cette pensée primitive qui exprime parfaitement notre satisfaction : « J’en ai eu pour ma thune. »

Photo de Paul Walker, The Rock et Vin Diesel dans le film Fast & Furious 6. Armés, les hommes semblent se préparer pour une mission.

Car Fast & Furious a cette badass attitude largement assumée que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans les blockbusters bourrins et décérébrés. Justin Lin revendique son côté stupide et le fait très bien. Si elles ne sont pas nombreuses par rapport à la durée du long métrage, les scènes d’action valent toutes le coup d’œil. Alors que l’on pensait que le climax avait été atteint durant la fameuse séquence sur l’autoroute, Lin nous rebalance trente minutes de combats et s’amuse même à nous surprendre dans le traitement de certains personnages. Il clôture son long métrage sur un épilogue nerveux et inattendu qui nous laisse présager quelque chose de très méchant pour le septième épisode. On pensait qu’ils avaient atteint leur limite et pourtant, les bodybuildés californiens aux grosses vergetures ont encore des idées.

Si Fast & Furious 6 est misogyne, prône des valeurs arriérées de la famille et nous vend une version de l’American Dream facile et racoleuse (« J’étais qu’une petite frappe, aujourd’hui je suis un millionnaire en débardeur. Pas mal non ? »), il se dégage tout de même de l’œuvre un esprit d’équipe qui fait plaisir à voir. Le Vin n’hésite pas à s’effacer pour laisser exister le Paul et surtout le Rock, inégalable lorsqu’il s’agit de faire l’enragé et de briser des vertèbres. On retrouve également Michelle Rodriguez, la plus grosse castagneuse d’Hollywood, et l’allégresse nous prend lorsqu’elle se fait laminer par Gina Carano (Haywire), la version féminine du Rock. Pour le reste, Tyrese et Ludacris sont toujours présents pour les vannes et Luke Evans n’est pas mauvais du tout dans la peau de l’ancien soldat qui a légèrement dévié.

Fast & Furious 6, c’est toujours moins enrichissant qu’un épisode de Questions pour un champion mais au moins, ça aide à rester en vie plus longtemps. Fun, décomplexé et écrasant n’importe quel G.I. Joe ou Die Hard récent, le film fait partie de ce que l’on fait de mieux dans le genre en ce moment. On reste persuadé que la team sous stéroïdes véhicule les plus gros idéaux de kékés du septième art mais dire qu’ils n’ont pas de talent serait faire preuve d’hypocrisie.

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