Depuis 2004 et La passion du Christ, Mel Gibson est entré dans une spirale autodestructrice dans laquelle propos antisémites, violences conjugales et autres problèmes d’alcoolisme ont fait bon ménage. Le comédien, réalisateur et producteur est devenue la tête à claques numéro 1 d’Hollywood et a pratiquement atteint le point de non retour. Aujourd’hui plus personne ne veut travailler avec lui. On se souvient de De Niro abandonnant le tournage du raté Hors de contrôle, ne supportant pas l’ex-star de L’arme fatale.
Mais en 2011, Gibson prouvait qu’il n’avait pas totalement perdu la main dans Le complexe du Castor, oeuvre mineure néanmoins sympathique réalisée par son amie Jodie Foster (Le silence des agneaux). Cette année, il revient dans le rôle qui lui colle à la peau, celui du loser solitaire qui va s’en prendre plein la gueule pendant tout le film et qui aura une bonne raison de venir se venger.
Get the Gringo, première livraison d’Adrian Grunberg, assistant réalisateur sur des projets tels que Traffic, Master and commander ou Apocalypto de Gibson lui-même, nous fait suivre l’histoire d’un braqueur arrêté à la frontière entre les Etats Unis et le Mexique, qui se retrouve dans une prison mexicaine bien crade et de laquelle il tentera de s’échapper par tous les moyens nécessaires.
Série B assumée jusqu’au bout, Get the Gringo, anciennement baptisée How I spent my summer vacation, permet à Mel Gibson de renouer avec l’ironie et la nonchalance qui ont fait son charme dans des œuvres telles que Payback, Complots ou Maverick. Dans le second degré constant, le comédien livre une prestation savoureuse, qui effacerait presque l’inscription « CONNARD » placardée sur son front. On s’attendait à un Direct to Video foireux digne des meilleurs Steven Seagal (Against the dark) ou Wesley Snipes (Nuclear Target) mais le réalisateur nous surprend positivement avec ce divertissement honnête, certes classique mais qui ne prend jamais son spectateur pour un gros beauf nourri au beurre de cacahuète. Grunberg gère bien son cadre, une prison ultra-violente qui s’apparente plus à une favela qu’à un pénitencier et s’attarde de manière convaincante sur la relation que notre héros lie avec un gosse de dix ans déjà accro à la nicotine, qui connaît l’environnement mieux que sa poche.
Si dans ses couleurs, son scénario et son montage saccadé Get the gringo vous rappelle l’excellent Man On Fire de Tony Scott, ce n’est pas pour rien. Grunberg était l’assistant réalisateur du long métrage avec Denzel Washington. Pour son coup d’essai, le metteur en scène nous livre un cinéma sous influences qui n’en demeure pas moins efficace et brutal mais qui ne réussit jamais à être jouissif. Evidemment, tout ne pouvait pas être parfait et la baisse de régime dans la deuxième partie qui préfère abandonner le scénario pour se consacrer aux scènes d’action pas toujours réussies fait que l’on n’est pas entièrement convaincu. Après, voir ce bon vieux Martin Riggs reprendre ses grenades et son Beretta, ça ne pouvait que susciter notre enthousiasme et à ce niveau là, on est loin d’être déçu.
Côté casting, à part Gibson et le mioche, c’est le défouloir. Peter Stormare (Armageddon) a décidé d’arrêter d’être le sosie de Bruce Willis afin de mieux reprendre toutes les pires mimiques de De Niro. Sur cinq minutes de présence à l’écran, on l’oublie. Les autres interprètes jouent les méchants corrompus, trempés de sueur et prêts à tout, mais sans talent.
Badass, drôle, sanglant, Get the gringo est une bonne surprise qui mérite sa sortie directement en vidéo mais surpasse tout de même un paquet d’adaptations hollywoodiennes foireuses, à commencer par celles de Nicolas Cage, dont les choix de carrière font probablement plus mal à sa femme que les coups que Gibson donne à la sienne. Ce dernier retrouve une crédibilité qu’il avait perdu depuis longtemps et l’on en arriverait presque à avoir envie de le retrouver dans un prochain film.
Je suis fan du dernier paragraphe. Bravo!
Merci beaucoup 🙂 !!