Gerry Marshall est probablement l’un des plus mauvais réalisateurs de comédies américaines. On se souvient du désormais culte pour les mauvaises raisons Pretty Woman, que Richard Gere a lui-même renié (ça veut tout dire) ou encore de sa pathétique fausse suite Just Married qui voyait le duo phare se réunir à nouveau. Alors évidemment, quelques exceptions ont eu lieu, comme le sympathique Frankie & Johnny, porté par l’excellente paire d’acteurs Michelle Pfeiffer/Al Pacino. Depuis deux ans, voilà qu’il s’est mis au film choral en choisissant un événement important de l’année afin de développer plusieurs histoires d’amour autour. Après la Saint Valentin et le misérable Valentine’s Day, voici venu le temps de célébrer le nouvel an à New York avec Happy New Year.
Il est difficile de ne pas littéralement cracher sur la nouvelle œuvre de Marshall. La sensation de gâchis se fait immédiatement ressentir. Le cinéaste bénéficie d’un cadre magnifique qui lui offre de multiples possibilités comiques, comme ont pu le prouver auparavant Scorsese avec After Hours ou Allen avec la majorité de sa filmographie, pour ne citer qu’eux. Malheureusement, on restera autour de Times Square pendant deux heures. C’est sympathique les écrans géants mais ça finit par piquer les yeux.
Marshall préfère se reposer sur ses comédiens et sur ses placements de produits. Et c’est le deuxième gros problème du long métrage. Entre has been qui ne parviennent plus à retrouver les rôles qui leur ont rapporté des Oscars (Halle Berry, Hilary Swank), losers à la barbe de trois jours qui auraient mieux fait d’être animateurs de vacances qu’acteurs (Ashton Kutcher) et autres anciennes légendes perdues dans cet univers et n’essayant même plus de se donner une once de crédibilité (Michelle Pfeiffer, Robert De Niro), on ne sait plus où donner de la tête. L’énervement est à la mesure de leur talent. Les voir perdre leur temps et foutre en l’air le notre dans un film qui aurait tout simplement mérité d’être diffusé dans le programme Un jour une histoire d’M6 est tout simplement rageant.
On ne vous raconte pas les histoires. Vous les connaissez déjà, vous les avez sans doute toutes déjà vues ailleurs et en mieux. Marshall pioche dans le monde de la comédie romantique et le transforme à sa sauce, en mielleux et racoleur. Dans ses moments voulus émouvants, Happy New Year nous touche autant que Les trois frères. L’adolescente en rut qui ne supporte pas sa mère, le bourgeois coincé chez des beaufs qui se rend compte que dans la province, il n’y a pas que la famille Manson… On insère toutes ces séquences dans un montage honteux qui utilise les mêmes enchaînements que Cœur Océan et on se retrouve avec l’un des plus gros succès de l’année.
Le passage le plus drôle d’Happy New Year, c’est à une figurante qu’il le doit. La meilleure scène du film est son générique. Vraiment. Cela vous donne un petit aperçu de Valentine’s Day 2. On imagine déjà tous les comédiens dire dans cinq ans qu’ils ont tourné Happy New Year parce qu’ils étaient au fond du trou. A éviter de toute urgence.