Il faut être sincère, le duo Toledano/ Nakache représente ce qu’il y a de meilleur dans le cinéma populaire français. Cinématographiquement parlant, il dépasse de loin les Clavier ou autres Dany Boon qui font des films qui deviennent risibles malgré eux.
Qu’Intouchables atteigne le record de Bienvenue chez les ch’tis serait mérité.
Intouchables est bien. Pas mal. Artistiquement et qualitativement, rien à dire par rapport au panorama actuel du cinéma français.
Pourtant au long de la séance un doute s’installe, une sorte de gène.
Et cela vient du scénario. Certes l’histoire est tirée de faits réels, un joli conte d’amitié entre deux hommes que tout oppose. Lorsque les péripéties s’enchaînent, la force des personnages du début du film s’essouffle. A la moitié du film, le spectateur ressent un gros moment de relâchement ou le temps tourne sans faire avancer l’histoire. La séquence de parapente nous permet une bouffée d’air mais on se demande si elle était vraiment nécessaire. En revanche les scènes d’improvisations marchent entre Omar Sy et François Cluzet, comme celle du rasage.
Un problème notoire est la profondeur des personnages. Nous avons la sensation au cours du film de ne faire qu’effleurer les protagonistes, au lieu de véritablement vivre leur parcours. Certaines résolutions restent en suspend et nous perturbent, comme la scène de la discussion à propos d’Adama, ou encore lorsqu’Omar revient dans sa cité. On attend quelque chose mais rien ne se passe et il n’y a pas de conclusion.
C’est dommage, car Toledano et Nakache sont de bons réalisateurs qui nous avaient émus et fait rire devant Nos Jours Heureux et Tellement Proches, ce dernier étant d’ailleurs le meilleur film des réalisateurs.
Nous aurions aimé être plus impliqués à travers les réactions de ces deux héros qui n’en restent pas moins profondément touchants.
Cela étant, Intouchables reste quand même un très beau film, supérieur à bon nombre d’autres en France. Nous vous le conseillons.
Guillaume Prevost