La perte de mémoire, c’est tendance pour les films d’amour. Comment reconquérir le cœur de son âme sœur lorsque cette dernière ne se souvient même plus de votre visage ? Après le mélodrame adulé dans le monde entier N’oublie jamais et l’attachant Amour et amnésie, c’est au tour de Je te promets d’explorer le thème sous un angle nouveau.
Lorsque Paige rencontre Leo, c’est le coup de foudre immédiat. On se demande bien comment elle peut tomber sous son charme avec sa tête de têtard et son look à la Bruno Mars. On a envie de lui rappeler que c’est le type qui a joué dans Sexy Dance mais surtout G.I. Joe et que tout ça n’est pas vraiment glorieux. Surtout lorsqu’elle est tout de même la belle actrice qui a tourné avec Woody Allen (Minuit à Paris), Kevin MacDonald (Jeux de pouvoir) et bientôt Terrence Malick. Autant le dire clairement, les deux ne jouent pas dans la même cour. Mais qu’importe. Les deux zigotos filent le parfait amour, se marient d’une manière originale, se baignent tout nus à Chicago et vivent une belle histoire. Evidemment, il fallait que tout cela se complique. En rentrant chez eux un soir, ils sont victimes d’un accident de voiture. Rien de grave en l’occurrence mise à part que Paige ne se souvient absolument pas de son époux et qu’elle veut à tout prix rentrer chez ses parents à qui elle n’a plus parlé depuis des années, n’ayant plus du tout de repères avec celui qu’elle chérissait tant autrefois.
Globalement, c’est ainsi que commence le long métrage. La rencontre et la romance entre les individus est plutôt sympathique et l’on est agréablement surpris par la mise en place de cette énième comédie romantique. Il en sera d’ailleurs ainsi durant la majorité du film. Réalisé sans prétention et ne voulant pas révolutionner le genre, Je te promets est une œuvre à la structure classique mais au sujet assez prenant et touchant pour convaincre le spectateur, qui permet à ses deux acteurs de faire une pause détente entre deux gros blockbusters (Sherlock Holmes 2 ; G.I. Joe 2). Channing Tatum dégage un charisme inhabituel, ne cherchant pas à forcer sur ses tablettes ou à nous asséner ses mouvements de sourcils dignes de Michael Vendetta. L’acteur reste posé, et l’on croit en son personnage d’amoureux qui tente désespérément de retrouver son ancienne vie avec sa compagne. Quant à Rachel McAdams, elle n’a rien à prouver et nous livre une prestation honnête, perdue dans un monde qu’elle ne reconnaît plus et courant vers ceux qui l’épaulaient dans son passé. A l’écran, le duo dégage une belle complicité.
Malheureusement, le scénario manque d’audace, fait preuve de tendresse mais n’explore pas le thème jusqu’au bout, préférant rester en surface dans une deuxième partie légèrement décevante et dans laquelle le réalisateur Michael Sucsy sacrifie son thème pour des péripéties et des artifices malheureusement vus de trop nombreuses fois et qui n’apportent pas vraiment de fraicheur. La perte de repères de l’héroïne n’est pas assez développée, le metteur en scène choisit la simplicité maximale et évacue son sujet avec une ou deux séquences de pétages de plombs ou une scène dans laquelle McAdams n’arrive plus à retrouver son bel appartement. Les personnages secondaires antipathiques tels que Sam Neill (Jurassic Park) en père protecteur ou Scott Speedman (Dark Blue) en ex toujours amoureux représentent les stéréotypes embarrassants du genre et l’on a un peu de mal à se consoler avec la découverte d’un secret pas exceptionnel du tout.
Mais ne faisons pas les fines bouches. On savait à quoi s’attendre et l’on ne regrette pas d’avoir payé la place. Ni trop lourd ni trop gnangnan, Je te promets est un film mignon qui ne se la raconte pas et qui se regarde tranquillement malgré sa mauvaise utilisation d’un sujet qui offrait beaucoup plus de possibilités. Après tout, il en faut aussi et ça peut parfois faire du bien.