Difficile d’aborder John Carter en quelques lignes. Le film sorti mercredi dernier en salles divise pas mal de monde. Quand certains crient au chef d’œuvre, au plus beau Space-opéra tourné depuis la première trilogie Star Wars, d’autres n’y voient qu’un navet réchauffé pour enfants qui ne mérite pas qu’on s’arrête dessus.
A vrai dire, il est vrai qu’on retrouve des éléments déjà présents dans La guerre des étoiles, Avatar et bien d’autres œuvres de science fiction. Seulement, John Carter est l’adaptation du premier roman du Cycle de Mars du légendaire Edgar Rice Burroughs, La princesse de Mars et de nombreux cinéastes qui se sont essayés au genre, de George Lucas à James Cameron, se sont très largement inspirés de l’œuvre phénoménale de l’écrivain vénéré. John Carter ne fait donc pas vraiment dans l’original mais il reprend le travail de l’un de ceux qui a posé les bases. Ses romans étaient même déclarés inadaptables et pas mal d’artistes ont abandonné le projet comme John McTiernan (Die Hard) ou Robert Rodriguez (Machete). C’est Andrew Stanton (Wall E), tout droit venu de l’écurie Pixar qui a donc décidé de s’atteler à la lourde tâche de la mise en images de John Carter, soutenu par Disney qui, croyant véritablement en ce film, a investi 250 millions de dollars de budget.
Durant les premières 45 minutes, j’ai eu beaucoup de mal à me prendre au jeu. En découvrant cet homme brisé par la Guerre de Sécession, rebelle qui se retrouvera malencontreusement sur la planète rouge, je ne pouvais m’empêcher de penser que le montage était saccadé, que les acteurs n’y croyaient pas vraiment et que tout allait beaucoup trop vite, et j’espère vraiment une version Director’s cut. M’attendant à un très grand spectacle, j’étais déçu par le rythme inégal, par certains décors et costumes très kitsch et par une interprétation légèrement faiblarde. Pourtant, certaines idées sont très bonnes comme celle de faire de Burroughs un personnage clé ou cette scène de rencontre entre Carter et un martien.
Puis arrive le moment où Carter rencontre cette fameuse princesse de Mars. Dès lors, les thèmes fondamentaux les plus séduisants arrivent, à savoir le combat d’un héros tourmenté pour une cause qui n’est pas la sienne, la présence d’une intrigue classique mais qui parvient à relier de nombreux personnages secondaires qui ont tous leur importance.
En cela Stanton parvient à mettre en scène les différents axes dramatiques avec une belle justesse. Il réussit également à intégrer un message critique sur la condition humaine vouée à une existence autodestructrice sans jamais être trop naïf, moralisateur et en s’adressant à la fois à un public très jeune sans perdre les plus vieux, du moins si l’on décide de se laisser porter par l’univers. Moins attractif qu’un Pirates des Caraïbes ou Prince of Persia, John Carter se révèle pourtant meilleur dans la mesure où il nous lance dans un monde qui n’est pas le nôtre sans prendre de temps pour le présenter et dans lequel c’est au spectateur de s’adapter, pour mieux l’apprécier ensuite. On ressent ainsi la mythologie créée par Burroughs et l’on comprend que l’on assiste à un grand récit épique et romanesque, à l’image de la belle partition de Michael Giacchino, agrémenté de scènes d’aventures parfois très réussies et d’un humour jamais trop lourd. Evidemment, tout cela est dénué de suspense et déjà-vu des dizaines de fois ces cinquante dernières années, mais qu’importe, l’envie de voir une suite naître est présente à la vue d’une fin maligne mais malheureusement bâclée qui fait habilement le lien avec les premières scènes.
Côté casting, Taylor Kitsch (Friday Night Lights) et Lynn Collins (Wolverine) forment un couple crédible malgré une première heure parfois difficile et ils sont suivis par une troupe de grands acteurs confirmés, tels que Willem Dafoe (Spiderman), Ciaran Hinds (La Taupe) ou Bryan Cranston (Breaking Bad).
John Carter est donc le blockbuster du mois et de la planète Mars que l’on risque de détester si l’on est réticent à l’univers. Andrew Stanton réussit son pari difficile, malheureusement gâché par une campagne marketing répugnante et ratée qui nous fait penser au pire de la nouvelle trilogie Star Wars alors que c’est loin d’être le cas.
Sur le plan esthétique, c’est certainement l’affiche la plus laide de ce début d’année. Merci de m’avoir donné envie de creuser un peu plus loin en tous cas. On ne sait jamais sur un malentendu 🙂
Ils ont complètement loupé leur campagne, c’est dommage… J’espère que le film te plaira autant qu’à moi !