Critique : Kill List – Savages

Affiche de Kill List de Ben Wheatley sur laquelle nous voyons trois hommes avancer dans un couloir sombre. Un signe de sorcellerie est visible au dessus du logo titre.

On a bien fait de ne pas aller voir Kill List au cinéma. Les employés auraient probablement eu à appeler le SAMU. Si vous aimez les films un peu, voire extrêmement violents, mais que vous êtes incapables de frimer devant, il vaut mieux que vous découvriez le deuxième long métrage de Ben Wheatley (Touristes) bien sagement chez vous car cette petite perle risque de vous rendre ridicule auprès de toutes vos connaissances.

On ne croirait pas pourtant lorsque l’on contemple l’affiche qui contient une photo assez banale et une accroche évoquant un thriller en apparence assez classique. A première vue, on se souvient avoir pensé à un petit frère de Seven, l’œuvre de David Fincher qui apportait un vent de renouveau dans les années 90. Et l’on a d’ailleurs trouvé des points de comparaison assez évidents même si Kill List est radicalement différent et représente un objet unique, une expérience difficile à suivre sur laquelle on s’attardera un long moment après le visionnage.

Cela est dû en grande partie au scénario de Ben Wheatley scindé en deux parties. Dans la première, nous découvrons Jay, un ancien soldat qui vit grâce à ses exécutions et qui n’a pas eu de contrat depuis 8 mois suite à une mission qui a mal tourné. Torturé, Jay ne sait que faire pour s’en sortir et ses relations familiales deviennent désastreuses. La première moitié du film consiste donc à nous immerger dans le quotidien de cet individu dépressif et impulsif. Ben Wheatley prend son temps pour amener les enjeux dramatiques. Comme le héros et sa femme, nous souhaitons que Jay ait à nouveau du travail pour retrouver la sérénité et une situation confortable.

Photo de Neil Maskell dans Kill List de Ben Wheatley. Le comédien pointe un pistolet avec un silencieux vers un autre personnage dans une maison. Il porte un gant en latex.

Le public est donc pris dans ce jeu pervers où l’on sait que pour retrouver la paix, il va falloir tuer. Le salut du protagoniste réside dans la violence dont il saura faire preuve lors des futurs événements. C’est là qu’arrive la deuxième partie, durant laquelle Jay se met en route pour une nouvelle mission proposée par son partenaire Gal (Michael Smiley), avec qui il part en chasse. Petit à petit, les tueurs se rendent compte que certaines de leurs victimes les connaissent et qu’ils sont peut être les cibles d’un complot maléfique.

Ben Wheatley bascule dans l’horreur dans un dernier quart d’heure effrayant qui laisse planer le doute jusqu’à une conclusion sèche et désarmante. On a d’abord du mal à comprendre les intentions du cinéaste. On cherche des réponses et l’on saisit finalement le propos de Kill List, qui est une progression vers la violence extrême d’un homme qui laisse passer sa sauvagerie et son instinct primitif avant toutes ses valeurs humaines. On ne tolère donc pas les commentaires qui qualifient l’œuvre de gratuite et pleine d’incohérences alors que la mise en scène de Wheatley est un travail d’orfèvre. En repensant au long métrage, on découvre de nombreux signes qui nous révèlent toute la malice de l’auteur. S’ils sont dispersés sans logique apparente, le spectateur réalise qu’il a été manipulé comme le personnage principal et qu’il ne s’est pas focalisé sur les bons détails.

Il y a longtemps que l’on ne s’était pas fait duper par un réalisateur comme Ben Wheatley vient de le faire avec Kill List, film de genre éprouvant que l’on ne recommanderait pas à tous les publics mais qui a le mérite d’offrir quelque chose d’inattendu et de réellement surprenant. On est certains que la plupart des blockbusters de l’été ne vous feront pas le même effet. Procurez-vous ce thriller indispensable qui, malgré la chaleur intense, a réussi à nous faire froid dans le dos.

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