Les longs métrages biographiques sur les chanteurs incontournables du XXème siècle, on en a vu un paquet. En France, Claude François et Serge Gainsbourg ont tous deux eu droit à leur adaptation récemment (Cloclo, Gainsbourg, vie héroïque). Tout le monde se souvient de La môme, le film d’Olivier Dahan sur Edith Piaf. Aux Etats Unis, certaines comédies musicales à l’image de Dreamgirls ou Cadillac Records ont revisité le parcours de certaines légendes de la soul. James Mangold a signé l’excellent Walk The Line à quelques mois d’intervalle du Ray de Taylor Hackford. John Carpenter, le maître de l’horreur, a réalisé un téléfilm sur Elvis Presley. Aujourd’hui, c’est au tour de Bono, leader de U2, de voir ses exploits relatés dans une œuvre cinématographique. Cependant, il n’en est pas le personnage principal.
En effet, les deux héros de Killing Bono sont les frères McCormick, qui ont grandi avec le futur groupe que tout le monde connaît et qui rêvaient eux aussi de devenir des rock stars. Malheureusement, le destin et surtout leur bêtise en ont décidé autrement. Les frangins vont devoir ramer avant de gouter à la belle vie de superstars de la chanson.
Scénario original, casting très sympathique, Killing Bono avait tout pour être une réussite. Malheureusement, le film reste assez brouillon et tourne en rond, malgré des qualités indéniables. Là où elle pouvait se démarquer des autres adaptations du genre, la comédie de Nick Hamm, à l’origine de cette grosse purge qu’est Godsend, finit par recycler toutes les techniques de mise en scène déjà vues auparavant et en devient ainsi très banale. Le film débute sur la fin et laisse son spectateur dans l’attente d’une péripétie exceptionnelle qui s’avère bien décevante, l’humour grinçant fonctionne rarement, la réalisation est sans audace et se repose sur quelques jolis passages musicaux. Tout ce qui aurait pu faire de Killing Bono une perle du genre est bâclé, à l’image du personnage principal, plombé par un Ben Barnes (Le monde de Narnia) hystérique et insupportable. Gesticulant dans tous les sens, le comédien ne donne jamais le charisme nécessaire au bonhomme, pourtant intéressant dans la mesure où il grille toutes ses opportunités de carrière à cause de son ego surdimensionné.
Des bons côtés, Killing Bono en a pourtant quelques uns, à l’image du reste du casting irréprochable. Robert Sheehan sait, contrairement à son collègue, jouer dans un registre ultra-dynamique et délirant. Plus calme et réfléchi que dans Misfits, on regrette de ne pas le voir autant que Barnes, qu’il éclipse très facilement dans leurs scènes communes. On aurait également aimé voir un peu plus le regretté Pete Postlethwaite (Au nom du père), dont la présence est toujours un ravissement. Pour le reste, les chansons sont toujours entrainantes, la reconstitution est très convaincante, la relation fraternelle n’est pas trop mal explorée et malgré tout, la fin réussit à nous arracher un sourire.
Killing Bono est une œuvre mineure plombée par un réalisateur qui manque de personnalité et une tête d’affiche qui mériterait des baffes. On pourra toujours se consoler avec la bande originale, comme souvent dans les adaptations musicales, et la présence d’un jeune comédien à suivre, le talentueux Robert Sheehan.