Au Texas, une série de meurtres s’enchaîne dans les killing fields. Toutes les victimes sont des jeunes femmes. Trois policiers mènent l’enquête sur ce terrain hostile et les pistes sont très difficiles à trouver.
Deuxième film d’Ami Canaan Mann, la fille de Michael Mann, Killing Fields est la grosse déception de cette fin d’année. En effet, tout semblait bien parti pour être une belle réussite. Le casting était très alléchant, composé de figures montantes comme Sam Worthington, Jessica Chastain ou Chloé Moretz, et d’autres plus confirmées mais qui n’ont jamais vraiment eu l’occasion de briller à l’image de Jeffrey Dean Morgan. Quoi qu’on dise du film, on ne peut que souligner la qualité de l’interprétation. Le caractère opposé des deux flics partenaires, l’un grande gueule, l’autre tout en retenue mais prêt à exploser, est plutôt bien mis en place. Mention spéciale pour Jeffrey Dean Morgan qui nous prouve qu’il est encore là et signe sa meilleure performance depuis Watchmen (2009). La première partie s’avère plutôt intéressante et le spectateur a réellement envie d’avancer avec eux dans l’enquête.
Une fois les bases installées, plus rien. On pédale dans la semoule. On s’ennuie. Les personnages n’évoluent plus vraiment et le manque d’épaisseur de certains, comme celui de Chastain, nous déçoit réellement, surtout lorsqu’on connaît le potentiel de l’actrice qui vient de s’imposer cette année dans de nombreux films comme The Tree Of Life, Take Shelter, La couleur des sentiments ou L’affaire Rachel Singer.
Le dénouement est largement prévisible et ne nous surprend pas vraiment. Le gros problème réside dans le scénario. Les péripéties s’enchaînent sans véritable cohérence et l’on a l’impression d’assister à une succession de scènes pas forcément nécessaires avant de parvenir aux révélations finales. Mann ne parvient pas à installer l’ambiance glauque et moite présente dans certains thrillers comme Angel Heart (1987), Seven (1995) ou le récent Dans la brume électrique (2009). En effet, les meurtres poisseux installent certes une ambiance cafardeuse sans pour autant nous mettre mal à l’aise et le climat humide et chaud n’est pas utilisé comme un élément représentant un fardeau pour les policiers.
Malgré quelques beaux effets de mise en scène, on comprend que la jeune fille n’a pas le talent de réalisation et de découpage de son père, capable de nous fournir des films beaucoup plus captivants même si leur durée atteint presque le double, comme c’est le cas dans Heat (1995). Michael Mann s’était d’ailleurs déjà essayé au thriller psychologique au début de sa carrière avec brio dans Manhunter (1986), première adaptation nous présentant le fameux serial killer Hannibal Lecter, cinq avant sa consécration pour Le silence des agneaux. Malheureusement, le terme « Grands cinéastes de père en fille » n’est pas encore de rigueur pour la famille. Rendez-vous pour le prochain essai.