Cette année, Joss Whedon (Serenity) a réussi à nous surprendre deux fois de suite. Le premier cadeau qu’il nous a fait est le blockbuster Avengers, film popcorn agréable qui remplissait très largement son contrat. Sa deuxième livraison est forcément passée plus inaperçue mais a quand même réussi à secouer pas mal de gens. Il s’agit de La cabane dans les bois, film d’horreur novateur réalisé par son pote Drew Goddard, le scénariste de Cloverfield. Les deux compères nous ont concocté un script curieux et ont réussi à créer une œuvre qui parvient à nous rappeler les classiques du genre tout en prenant une voie inattendue. C’est d’ailleurs ce qui la rend unique mais complémentaire à un genre qui s’essouffle depuis quelques années et qui avait bien besoin d’une petite dose d’inventivité.
Tout commence comme dans n’importe quel slasher. Une bande de jeunes part en vacances en forêt dans la maison de campagne du cousin de l’un des membres du groupe. Dans celui-ci, on trouve la nunuche, le sportif, la fille prude, l’intello et le débile de service. En cours de route, ils croisent évidemment un vieux bouseux qui les met en garde et n’arrivera pas à les convaincre de faire demi-tour. C’est dommage, car le cauchemar qui les attend est bien différent et bien plus pervers que ceux que l’on a déjà vus lors de nos soirées d’Halloween.
L’année dernière, le décomplexé Tucker & Dale fightent le mal revisitait le genre avec beaucoup d’humour. Avec La cabane dans les bois, c’est avec un plaisir différent mais aussi grand que l’on assiste au massacre de tous ces adolescents victimes d’un complot malsain et surprenant. S’il n’invente rien ni dans sa mise en scène ni dans ses thèmes qui ont déjà été abordés dans des registres distincts avec plus ou moins de talent, le long métrage de Goddard n’en reste pas moins réussi dans le sens où il s’avère maîtrisé et nous amène vers une fin à laquelle on ne s’attendait pas du tout. Lors de sa sortie en salles, nous avions été sciés par ce dernier quart d’heure jouissif dans lequel les deux auteurs titillent nos fantasmes de geeks.
En le redécouvrant, on comprend que certains amateurs n’y aient pas trouvé leur compte car il est vrai que la partie slasher n’évite pas le déjà-vu et la démarche n’a pas d’autre utilité que le défoulement retranscrit dans la conclusion hâtive mais très sympathique. Finalement, ce ne sont pas les moments passés avec les adolescents qui nous plaisent le plus car ils ne sont pas attachants et la seule chose qu’on attend est de voir comment le sort s’abattra sur eux. On se prend au jeu des comploteurs, on devient voyeurs et comme les employés de cette entreprise mystérieuse qui met en scène le massacre, on serait prêt à parier sur la tête de ces pauvres bougres qui voulaient juste passer un week end tranquille. On adore détester les deux employés désabusés et cyniques qui tirent les ficelles mais finalement, on finit par faire comme eux en devenant des spectateurs sans pitié. Evidemment, cela reste du cinéma mais Goddard et Whedon nous pointent du doigt avec intelligence et dérision même s’il ne mettent pas en avant quelque chose d’original ou d’inconnu car cela fait des années que nombre de fans prennent leur pied en admirant des spectacles crados.
La cabane dans les bois est un film malin, efficace, drôle qui parvient à amener une vague de créativité sur le paysage de l’horreur. En revanche, avec du recul, malgré toute l’affection que l’on a pour cet étrange objet, on ne peut pas dire que ce soit le chef d’œuvre visionnaire que nous avions cru contempler sur grand écran.