Si James Dean est devenu l’une des stars les plus emblématiques du Xxème siècle, au même titre que Marilyn Monroe ou Audrey Hepburn, ce n’est pas que pour sa belle gueule. Car avant d’avoir sa tête imprimée sur des coussins Fly et des tee-shirts H&M, le prodige a eu le temps de jouer dans trois films devenus cultes dont La fureur de vivre, peinture d’une adolescence révoltée qui court à sa perte.
Lorsqu’il arrive dans sa nouvelle ville après un énième déménagement, Jim Stark, adolescent rebelle, doit s’intégrer dans son lycée et s’adapter à un environnement inconnu. Un matin, il rencontre Judy, la petite amie de Buzz, le chef d’une bande qui terrorise le lycée. Très vite, le gang se met à tester Jim à travers de nombreux défis comme des combats aux couteaux ou des courses de voiture. Soutenu par Platon, un solitaire paumé, notre héros va devoir se battre pour s’affirmer et conquérir le cœur de la belle Judy.
La fureur de vivre est probablement l’un des meilleurs films qui traite du passage à l’âge adulte. Nous y suivons un individu révolté, perdu, écœuré par l’image qu’il a de son père lâche et soumis. Le désespoir de Jim nous rappelle celui de Holden Caulfield, le personnage principal du roman L’attrape-cœurs de Salinger. Les deux œuvres ont d’ailleurs d’autres points communs puisqu’ils sont ancrés dans la même époque (l’Amérique des 50’s) et suivent une unité de temps réduite à quelques jours. Dans La fureur de vivre, les événements s’enchaînent et l’on se demande comment ces jeunes peuvent passer si facilement du rire aux larmes. Ils sont insouciants mais la perte de l’innocence finira par arriver.
Nicholas Ray (Johnny Guitare) signe un chef d’œuvre moderne, violent, au rythme intense et porté par le jeu prodigieux du comédien principal. Remarquablement sobre, James Dean « est » Jim et paraît si naturel qu’on en oublie qu’il est la star adulée. A la fois viril et fragile, violent et doux, il représente l’homme dans toute sa complexité et la profondeur qu’il parvient à donner à son personnage est stupéfiante. Il fait partie de ces stars, à l’image de River Phoenix (My own private Idaho) ou Heath Ledger (The Dark Knight), qui sont mortes après les rôles de leur vie mais qui auraient eu une carrière brillante par la suite. La romance du film est très bien mise en scène. Dean et Natalie Wood (La prisonnière du désert) parviennent à rendre leurs protagonistes terriblement attachants et le spectateur savoure les scènes durant lesquelles ils sont réunis. L’autre révélation est Sal Mineo (Les cheyennes), bouleversant dans le rôle de Platon, orphelin perturbé qui cherche une figure paternelle en la personne de Jim. Le comédien ne retrouvera jamais un aussi bon rôle par la suite.
En l’espace de trois longs métrages, James Dean a prouvé qu’il était un géant, avant de s’en aller dormir paisiblement à l’est d’Eden. Cette conclusion n’est pas très originale mais elle représente bien l’image qu’on a du bonhomme. On se demande toujours qui est son digne successeur mais impossible de trouver une réponse. Comme toutes les légendes, Dean restera unique et irremplaçable.
Un chef d’oeuvre, inusable, indémodable…
Magnifique.
Le départ, avec JD en train de jouer au milieu de la rue, en gueulant… énorme.
et Dennis Hopper, hein, Dennis Hopper…!
Bref, un putain de film bouleversant !