Critique : L’amour dure trois ans – Le charme de l’enfoiré

Affiche du film L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder. Le titre est écrit avec un rouge à lèvres en forme de cartouche.

Il y a des types que vous ne pouvez pas vous piffrer, mais qui, par je ne sais quel stratagème, réussissent tout de même à vous intéresser. Certains me diront que ces personnes là ont un avantage sur celles qui sont sympathiques mais qui ne vous interpellent en rien. Selon cette logique, Frédéric Beigbeder se révèlerait donc plus captivant qu’Emmanuel Mouret (L’art d’aimer) ? Je n’ai rien contre le deuxième. Je suis incapable de juger de la qualité de ses films puisque je n’en ai vu aucun. Mais je dois avouer que mon attirance pour ses longs métrages est beaucoup plus faible que ma curiosité à l’égard de L’amour dure trois ans. On appelle ça le charme de l’enfoiré.

Dès le commencement, la prétention de la mise en scène de Beigbeder est irritante. Mais puisque l’auteur en est conscient et l’a toujours reconnue, elle en devient également drôle. Tout m’a énervé, du générique de début au dernier plan, où tout est censé avoir un sens. Mais dire que je n’ai pas aimé son premier long métrage serait un mensonge.

Dans cette histoire où des bourgeois s’inventent des problèmes sentimentaux, Marc Marronnier peine à publier son premier roman, L’amour dure trois ans. Convaincu de sa théorie, il finit par être accepté par une maison d’édition et son manuscrit atterrit enfin dans les librairies. Mais Marc préfère utiliser un pseudonyme. Celui de Féodore Belvédère. Car si la belle Alice apprend qu’il est l’auteur de ce torchon, elle risque de retourner avec son ex, en qui elle ne trouve plus satisfaction à la fois à cause de la routine qui s’est installée mais aussi à cause de son micro-pénis.

Photo de Gaspard Proust et Louise Bourgoin s'étreignant sur la plage dans le film L'amour dure trois ans de Frédéric Beigbeder.

Comédie romantique assez commune dans l’ensemble et sans véritable surprise, L’amour dure trois ans se regarde tout de même avec plaisir, notamment parce que Beigbeder y apporte sa patte. Evidemment, cet univers lui colle à la peau puisque comme dans 99 francs, le parcours de ce type est semi autobiographique. L’apprenti réalisateur maîtrise donc parfaitement son sujet, ce qui lui permet de mieux se pencher sur la mise en scène. Même si certaines incrustations de phrases à l’écran n’étaient pas vraiment nécessaires, les punchlines et les dialogues échangés entre Gaspard Proust et Louise Bourgoin sont parfois savoureux. On navigue donc entre énervement profond devant cette supériorité intellectuelle qui nous laisse pantoise et appréciation d’un second degré qui rend le résultat plus acceptable. L’esthétique que Jan Kounen avait mis en place dans 99 francs, Beigbeder ne tente pas de se l’approprier même si l’on relève certaines similitudes. Conscient que le sujet ne lui offre pas les mêmes possibilités, il opte pour une réalisation plus sobre.

Véritable rassemblement de toute l’équipe « hype » de Canal+, Beigbeder a invité pour l’occasion tous ses potes du Grand Journal ainsi que Frédérique Bel (La minute blonde) et encore une fois, on a l’impression de jongler entre sincérité et autosatisfaction gerbante. Du côté des autres interprètes, Gaspard Proust est convaincant et s’affirme en véritable alter-ego de l’auteur, à travers des interactions avec le public teintées d’ironie et dans son élocution qui amplifie l’aspect à la fois hésitant et convaincu du personnage. JoeyStarr quant à lui, confirme qu’il est un excellent comédien et qu’il peut s’adapter à des productions qui ne lui ressemblent en rien.

Tout comme son cinéaste, L’amour dure trois ans est un long métrage drôle et agaçant, créatif mais barbant. Ce qui est sûr, c’est que les amateurs de l’écrivain risquent d’être comblés et que ses détracteurs pourront continuer à le descendre sans problème. Au moins, Beigbeder a le mérite d’être fidèle à lui-même.

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2 réponses à Critique : L’amour dure trois ans – Le charme de l’enfoiré

  1. Stavros dit :

    Regarde les films de Mouret, ça te donnera envie de t’intéresser au bonhomme et surtout ça te donnera un élément de comparaison pour considérer le film de Beigbeder tel qu’il est : une pure merde.

    • Kévin Romanet dit :

      Je vais me pencher vite sur Mouret alors ! Merci pour ton commentaire 🙂 ! Beigbeder est une vraie tête à claques prétentieuse et surestimée, mais malgré tout ça son film m’a (un peu) fait rire. Je me fais peur…

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