Avant son explosion en 2011 grâce à Crazy Stupid Love, Drive et Les marches du pouvoir, Ryan Gosling avait déjà fait un joli bout de chemin. Si vous avez été déçus cette semaine par Gangster Squad, recyclage assez plat de tous les clichés du genre, vous pouvez toujours le découvrir dans quelques films indépendants pour lesquels il avait déjà acquis une belle reconnaissance critique. Le comédien avait même décroché une nomination à l’Oscar pour son rôle de professeur toxicomane dans le drame Half Nelson. Mais l’une de ses meilleures prestations est celle qu’il nous offre dans Lars and the real girl, long métrage passé inaperçu baptisé Une fiancée pas comme les autres dans notre beau pays.
Au niveau du scénario, c’est assez simple. Pour ne pas tout vous dévoiler, Lars and the real girl nous présente un homme amoureux d’une poupée gonflable. C’est assez peu commun et c’est l’originalité du sujet qui nous a amenés à découvrir cette très bonne surprise qui aurait mérité un meilleur accueil en France.
On va maintenant s’adresser à toutes les groupies de Gosling. Si vous vous tapez toute la filmographie de l’étalon uniquement pour admirer ses muscles saillants et ses pectoraux huilés au cambouis façon Drive, passez immédiatement votre chemin. Ici, Ryan est sale. Ryan arbore une moustache remplie de vers venus déguster les bouts de tarte à la pomme de terre coincés. Ryan met des pulls marrons remplis de trous causés par les mites. Ryan se coiffe avec du beurre. Le long métrage se déroule dans une petite ville des Etats Unis et l’acteur n’a pas hésité à se transformer physiquement et à prendre du poids pour rentrer dans la peau de son personnage. Solitaire et à la limite de l’autisme, Lars est un homme tendre et d’une extrême bonté. Petit à petit, on découvre son traumatisme mais on ne s’apitoie jamais sur son sort.
Craig Gillespie ne fait pas de son antihéros une victime martyrisée dans son patelin. Au contraire, l’empathie de tous ses voisins et amis nous procure une jolie dose d’espoir et l’on se rend compte que les bouseux américains ne sont pas que des fous armés de fusils et de pick up. Il traite son sujet avec humour et Lars and the real girl est une comédie douce amère très bien équilibrée qui ne verse jamais dans les émotions faciles. Comme Lars et sa famille, on a l’impression que Bianca est un être à part entière, qui lui permet de vaincre ses craintes liées à son manque affectif. Le long métrage prend une trajectoire assez prévisible mais le message optimiste nous laisse pantois. On ne s’attendait pas à un propos joyeux assumé de cette manière et en cela, le film se démarque d’œuvres romantiques comme 500 jours ensemble qui basculaient dans le registre dramatique en manquant de subtilité. Ici, c’est l’inverse et à vrai dire, cela nous fait du bien.
Encore une fois, Lars and the real girl nous prouve que Gosling n’est pas qu’un phénomène du star system et un produit marketing. Comme d’habitude, il se démarque, crève l’écran et rend son personnage profondément attachant. Et comme d’habitude, il ne cherche pas à capter notre attention à chaque instant et laisse de la place aux excellents seconds rôles (Emily Mortimer, Patricia Clarkson) pour mieux s’affirmer.
Lars and the real girl est probablement l’un des longs métrages les moins connus de son comédien principal. Mais c’est également l’un des meilleurs. Finalement, on propose aux groupies d’y jeter un œil. Même sale, on est sûr qu’il saura vous séduire.