Tout le monde a vu ce film. Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. En général, quand on voit un titre comme celui-ci, on trouve ça long et chiant. Mais là non. On trouve ça mignon, ça sonne bien, ça rebondit. On le range donc aux côtés de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander et Borat, leçons culturelles sur l’Amérique pour profit glorieuse nation Kazakhstan.
Rien qu’en regardant le poster, on sait qu’on va l’aimer cette Amélie. Et comme le dit l’accroche, elle va changer notre vie. Qui aujourd’hui, mange un poulet rôti sans penser à elle ? Qui n’apprécie pas casser la croute de la crème brulée avec un petit sourire songeur ? Qui entre dans un photomaton sans avoir envie de déchirer ses photos ratées avant de les jeter à la poubelle ? Bon ça, avec le numérique et le prix des clichés, c’est plus trop possible.
Amélie Poulain est une jeune serveuse du café des deux moulins, qui vit dans un rêve enfantin et est vouée à un fabuleux destin. Elle qui est à la base si solitaire, si réservée, devra se confronter aux autres, de manière assez improbable, pour trouver sa voie. Commence alors une aventure dans Paris, mais pas n’importe lequel. Cette ville est celle de Jean Pierre Jeunet, qui retrouve ses filtres de couleurs qui l’ont suivi durant toute sa filmographie, de Delicatessen, qu’il a réalisé avec son compère d’antan Marc Caro (Dante 01) à Micmacs à tire-larigot, son dernier film avec Dany Boon qui reçut un accueil mitigé.
Le Paris de Jeunet et d’Amélie est un monde où l’imagination prend une place considérable, où l’on aime se réjouir des petites choses, où l’on s’aventure dans ses rues pour percer des mystères anodins mais tellement passionnants. Amélie est cette héroïne irrésistible que l’on conseille devant notre écran lorsqu’elle n’ose pas prendre une décision à cause de sa timidité maladive. Elle qui se rend compte qu’un petit geste peut changer toute une vie, n’arrive pas à aborder ce bel inconnu, Nino Quincampoix (Mathieu Kassovitz), rêveur éternel, alors qu’au fond d’elle, elle le connaît si bien.
Avec sa forme narrative originale qui nous décrit chaque personnage en fonction de ses petits plaisirs et des choses qu’il n’aime pas, Jeunet apporte un brin de fraicheur et provoque immédiatement l’adhésion du spectateur, qui se retrouvera un peu dans chacun de ces individus, du jeune épicier Lucien (Jamel Debbouze) au vieil homme de verre voisin d’Amélie (Serge Merlin). Le cinéaste alterne l’humour et l’émotion avec maîtrise, traite certains passages bouleversants que beaucoup auraient fait basculer dans les sentiments larmoyants avec une joie et une ironie constante, sans jamais tomber dans le cynisme. On pense à cette scène où Amélie accompagne un aveugle ou au discours de l’excellente Yolande Moreau (Mammuth).
Mais la plus grande réussite de Jeunet est d’avoir su faire exister son personnage. Il est aidé par la fabuleuse Audrey Tautou (Ensemble c’est tout). Pendant deux heures, on accompagne Amélie à travers ce parcours atypique et l’on vit son aventure. On rit devant sa simplicité, devant ses idées folles mais pas trop (les coups tordus à ce trublion de Collignon). Son innocence nous émeut, tout comme celle de son partenaire à l’écran Mathieu Kassovitz (La haine), épatant. Amélie Poulain est cette personne discrète mais toujours joyeuse, invisible mais dont on se souviendra clairement, dont les actes nous touchent sans même que l’on s’en rende compte. Généralement, on appelle ça un ange gardien.
Qu’on aime ou non Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, il faut reconnaître que le film ne laisse pas de marbre. Jeunet retrouve ses acteurs fétiches (Rufus, Tocky Holgado) et dresse une belle galerie de personnages. Ode à la créativité toujours drôle et touchante, présentation d’une jolie jeune femme qui restera dans les mémoires du monde entier, ce petit chef d’œuvre est la preuve que le cinéma français fait parfois office de thérapie contre la mauvaise humeur.
Certainement le film qui a redonné goût au cinéma bien de chez nous pour de nombreux français dont je fais partie!
Le film est un véritable souffle frais sur tous ces films larmoyants qui hantent nos cinémas d’arts et essais. Je pense au récent « Persécutions » ou on se contente de mettre deux écorchés vifs dans un même bocal et de voir ce que ca va donner!
Le film m’a fait exactement le même effet ! Je ne m’étais pas penché sur le pitch de Persécutions, mais tu m’as refroidi ! Pourtant le trio de comédiens est alléchant !
Le titre est emprunté au « fabuleux destin de Désirée Clary » film d’Aimée Clarion, dont j’ai longtemps eu l’affiche sous les yeux. Loin de l’onirisme de Jeunet, c’est l’histoire vécue d’un fille de gargotier de Marseille qui deviendra princesse d’empire par mariage.
Chez Jeunet, le rôle de marieuse tenu par Amélie, qui entreprend d’arranger le destin de ceux qu’elle aime, se termine par son propre bonheur avec Mr Quincampoix. Plus qu’un happy end, une leçon de vie pour pratiquer le bonheur au quotidien et, au final, un très bon film.
Au fait, votre blog a-t-il déjà parlé de Tetro, le film de Francis Ford Coppola? Si oui j’aimerais bien retrouver vos commentaires? ou merci de les envoyer à mon adresse email A+
Merci pour votre commentaire Philippe et pour votre explication !
Malheureusement, nous n’avons pas d’articles sur Tetro ! Si nous en faisons un par la suite, nous ne manquerons pas de vous prévenir !