Il y a des films qui ne nous tentent absolument pas au moment de leur sortie en salles. Malgré les critiques quasiment unanimes, l’affiche qui donne envie, le casting réjouissant, la bande annonce alléchante, rien n’y fait. On préfère rester assis sur notre canapé, devant un programme beaucoup moins attirant. On appelle ça la flemme du divertissement. Fort heureusement, même l’imbécile change parfois d’avis et finit par revenir sur ses préjugés injustifiés pour mieux admirer une œuvre qui ne pouvait pas lui passer sous le nez.
Le nom des gens est une comédie qui procure une euphorie qui nous procure elle même des inspirations poétiques à deux balles qui nous permettent d’exprimer la joie qui vient de nous être communiquée. Il s’agit d’un film qui donne envie de faire des longues phrases.
Bahia Benmahmoud est ce que l’on appelle une « pute politique ». Socialiste pure et dure, elle n’hésite pas à coucher avec des hommes qui s’éloignent de son bord pour tenter de leur faire changer de convictions. De son côté, Arthur Martin est très introverti et passe sa vie à prendre ses précautions et éviter les risques au maximum. Evidemment, il fallait que les deux se rencontrent.
Il y a beaucoup de choses à dire sur Le nom des gens. La première est que le film est une œuvre politique engagée, jamais réfractaire aux idées adverses et qui aborde son sujet avec subtilité. La consistance des deux personnages qui revendiquent parfois des idées stéréotypées, comme d’ailleurs tous les autres protagonistes, nous fait comprendre que l’on vit tous dans des clichés parfois affreux que l’on exprime volontairement ou non. Tout cela on le savait déjà, me direz-vous. Mais l’humour et la légèreté du propos provoquent chez le spectateur une remise en question qui vient naturellement grâce à l’attachement qu’il a pour ces deux individus hors normes. Avec son message universel qui revendique l’acceptation de l’autre à travers ses différences (non, nous ne faisons pas de publicité pour S.O.S racisme), Le nom des gens ne tombe jamais dans le piège de la culpabilité, l’émotion racoleuse ou la provocation ridicule.
Michel Leclerc (La tête de Maman) réalise un long métrage intelligent qui ne se fixe pas uniquement dans la case politique. Car Le nom des gens est avant tout une histoire d’amour portée par deux comédiens parfaits. Jacques Gamblin (Les enfants du marais) est charismatique dans sa discrétion et sa timidité tandis que Sara Forestier (L’esquive) fait beaucoup plus que parader nue pour convaincre l’Académie des César.
Il est vrai que la mise en scène a parfois recours à des effets faciles, comme l’utilisation du grain pour les moments de bonheur du personnage masculin ou les flashbacks dans lesquels les deux amoureux nous expliquent la vie de leurs parents qui a de lourdes répercussions sur eux puisque la mère de l’un a vu sa famille se faire déporter dans les camps de concentration tandis que le père de l’autre est un immigré victime de la guerre d’Algérie. On a parfois l’impression que Leclerc essaye d’aborder un maximum de sujets délicats, comme l’extrémisme, le réchauffement climatique, la pédophilie ou le génocide avec lesquels il est difficile de ne pas se prendre les pieds dans le plat. Mais il faut reconnaître que le cinéaste s’en tire très bien. On ne choisit pas son nom et ce dernier ne veut rien dire. C’est un propos évident, mais l’aborder sans tomber dans le misérabilisme est à nos yeux une réussite.
Le nom des gens est le genre de films qu’il ne faut pas voir si vous n’aimez pas la naïveté et le politiquement correct. Le résultat aurait pu être très agaçant mais pour nous, la recette a très bien fonctionné. On vous le recommande fortement.