Critique : Le Samouraï – Un tueur pour cible

Affiche du Samouraï de Jean-Pierre Melville sur laquelle Alain Delon est face l'objectif et paraît pragmatique et menaçant devant un fond blanc.

Avant de faire des pubs pour Atol et des monologues dans Astérix et Obélix aux Jeux Olympiques, Alain Delon faisait des films. Et des sacrés bons films. En l’espace de quinze ans, le type a enchaîné des perles telles que Le guépard, La piscine, Le clan des siciliens… Rien que ça ! Mais ici, les œuvres dans lesquelles on le préfère, ce sont celles de Melville, le génie à l’origine de la première version du Deuxième souffle et surtout de L’armée des ombres. En quatre ans, le comédien et le cinéaste ont collaboré trois fois et ont atteint un niveau que Delon n’a plus retrouvé par la suite, sauf peut être dans la série Frank Riva.

Jef Costello est un tueur à gages solitaire et méthodique. Un soir, il est chargé d’assassiner le patron d’une boîte de jazz. Il s’y rend et exécute le contrat mais il est rapidement appréhendé par la police. Relâché grâce à son alibi, il retourne chez lui et se rend compte que plusieurs hommes sont à sa recherche. Entre la police et ses commanditaires, Costello comprend qu’il va devoir échapper à de nombreux hommes pour s’en sortir.

Si vous n’avez jamais vu Le samouraï et que le scénario vous semble pourtant familier, c’est parce que le film de Melville a inspiré un très grand nombre d’auteurs qui ont su s’inspirer avec brio de ce chef d’œuvre. Costello est un personnage intemporel, un samouraï qui respecte son code d’honneur coûte que coûte, un tueur froid, une personne discrète, sobre et élégante, présente mais invisible. Jusque dans sa tenue vestimentaire, le protagoniste interprété par Delon représente l’homme que l’on ne voit pas mais qui nous fascine et nous marque. Il est de la même trempe que le Neil McCauley de Heat ou le Ghost Dog, héros du film de Jarmusch, qui a parfaitement repris les bases du long métrage de Melville pour les ancrer dans le paysage urbain de la banlieue new-yorkaise, représenté à merveille par la musique du Wu Tang Clan, eux aussi grands connaisseurs de la culture asiatique.

Photo d'Alain Delon dans le film Le Samouraï de Jean-Pierre Melville. Dans une rue parisienne, l'acteur regarde sa montre.

Melville avait l’art de raconter énormément de choses en très peu de temps. Le film est assez court, mais lent. Cette lenteur, le cinéaste sait l’exploiter pour nous immerger dans l’univers de ce personnage qui ne parle quasiment pas mais que l’on a l’impression de mieux connaître que la plupart des bonhommes plats et bavards présents dans beaucoup de longs métrages aujourd’hui. Le réalisateur utilise Paris à merveille, dresse un véritable suspense et provoque un attachement immédiat du spectateur pour Costello. On a beau chercher des défauts, des imperfections, on n’en trouve pas. Le samouraï est un film qui a ouvert la voie à un nouveau style de polars et qui a ainsi marqué l’histoire du cinéma.

On vous recommande grandement ce film français assez âgé mais toujours aussi moderne, dans son fond comme dans sa forme. Delon est un véritable monstre du septième art français, et sa collaboration avec Melville est de celles que l’on n’oubliera jamais, à l’image de celle de De Niro et Scorsese.

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