Critique : Les amants du Texas – Lawless

Affiche du film Les amants du Texas de David Lowery. Nous y voyons Casey Affleck et Rooney Mara en train de se faire arrêter et de tenter de s'étreindre.

Si le festival de Sundance nous offre chaque année d’excellentes surprises, il faut avouer qu’on a parfois été déçus par le palmarès. Il y a un genre en particulier qui commence à nous irriter, celui des comédies douces-amères à l’image de Like crazy ou Elle s’appelle Ruby. On n’a rien contre ces deux films mais depuis Little Miss Sunshine, l’esthétique, le ton et les sujets ont été exploités trop souvent pour continuer à créer la surprise. Aujourd’hui, nous regardons ces œuvres comme des produits calibrés alors qu’ils sont censés représenter la liberté de leurs auteurs faussement affranchis des majors hollywoodiennes telles que Fox Searchlight.

Il reste bien sur des cinéastes qui ont la possibilité de s’exprimer sans contraintes et qui réussissent à se bâtir des filmographies admirables remplies de bijoux. On pense à Andrew Dominik ou Jeff Nichols, deux auteurs qui ont encore une longue carrière devant eux et nous ont émerveillés ces derniers temps avec Killing Me Softly et surtout Mud. A ces brillants réalisateurs, on peut désormais rapprocher David Lowery, qui vient de se faire connaître du grand public grâce au très joli Les amants du Texas.

En contemplant la magnifique afiche, on pourrait s’attendre à un Bonnie & Clyde du XXIème siècle. Mais au lieu de relater tout le parcours des amoureux, Lowery entame son long métrage là où beaucoup s’achèvent, c’est à dire au moment de l’arrestation et la séparation du couple. Casey Affleck et Rooney Mara n’ont ainsi que très peu de scènes communes à l’écran. Les amants du Texas traite de l’amour impossible entre deux individus qui ont gâché leur avenir en vivant leur romance dans le crime et doivent en assumer les conséquences.

Photo de Rooney Mara et Casey Affleck dans le film Les amants du Texas de David Lowery. Les deux amants s'étreignent face à l'objectif dans un paysage ensoleillé.

Les deux amants fuient et tentent de se retrouver mais ils ont grandi et leurs responsabilités ont changé. Le film relate leurs hésitations et leurs appréhensions. Rooney Mara est tiraillée entre la passion qu’elle vit avec Casey Affleck et son envie de préserver sa fille née quand ce dernier était en prison. Lowery montre à merveille l’espoir qui reste intact au fil des années à travers des ellipses qui rappellent L’assassinat de Jesse James.

Si l’on pense à toute cette nouvelle génération de cinéastes en voyant Les amants du Texas, la mise en scène contemplative nous rappelle également la magnifique Balade sauvage de Terrence Malick dont il pourrait bien être l’héritier.

Les deux comédiens principaux sont irréprochables, en particulier Rooney Mara (Millenium), désarmante en mère protectrice désireuse de recommencer sa vie. Mais le personnage le plus complexe est probablement celui de Keith Carradine (Les duellistes). Comme Sam Shepard l’était pour Matthew McConaughey dans Mud, il est la figure paternelle de ces deux enfants, un vieux dur à cuire qui ne recule devant rien pour veiller sur eux et qui devra lui aussi faire un choix impossible.

Certaines images sont renversantes notamment lorsque Lowery filme Mara d’une aussi belle façon que Malick filmait Jessica Chastain ou Olga Kurylenko dans The Tree Of Life et A la merveille. Malgré cela, vous risquez de ne pas être convaincus entièrement à la sortie de la projection car le rythme et la structure narrative peuvent s’avérer surprenants. Mais Les amants du Texas fait partie de ces œuvres qui se digèrent, qu’il est nécessaire d’analyser avec du recul pour comprendre la maîtrise et les choix de l’auteur. On attend sa sortie en vidéo avec impatience pour redécouvrir cette petite perle qui finira probablement dans notre top de l’année.

Ce contenu a été publié dans Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

2 réponses à Critique : Les amants du Texas – Lawless

  1. J’ai personnellement été assez déçu par ce film. Peut être que j’en attendais trop et que la place prise par l’esthétisme au profit d’un réel scenar profond m’aura manqué.
    Allez, juste parce que c’est vous, je retenterai ma chance plus tard, une fois le premier visionnage digéré!

    • croissantella dit :

      Je suis assez de ton avis. D’ailleurs ça m’a fait un peu penser à du Terrence Malick entre la photographie crépusculaire, la nature, le Texas, la narration plus ou moins « survolée » et le propos amoureux limite métaphysique qui plane sur un scénario finalement assez superficiel. Mais pareil, je vais laisser un petit temps avant de lui donner une seconde chance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.