Les trois prochains réalisateurs abordés dans cette rubrique sont des références majeures dans le cinéma américain. Nous avons choisi trois œuvres qui ont toutes fait l’objet de remakes soit inutiles, soit bien nazes, et très souvent les deux.
Le premier metteur en scène dont nous allons parler est Sam Peckinpah, réalisateur emblématique de la fin des années 60 mais surtout des seventies. Le long métrage évoqué n’est pas à la hauteur de La Horde Sauvage (1974) ni du trop méconnu Apportez moi la tête d’Alfredo Garcia (1974) qui sont à mes yeux ses deux plus beaux films mais il reste grand. Peckinpah est célèbre pour avoir mis à la mode le ralenti dans ses scènes d’action avant que celui-ci ne soit réutilisé jusqu’à l’écoeurement. Il est également l’utilisateur d’une violence crue pour son époque. Mais à l’inverse de beaucoup, il ne l’utilise pas de manière gratuite mais pour appuyer des histoires souvent très noires, toujours empruntes d’une certaine mélancolie.
Dans Les Chiens de Paille, ce ne sont pas les vingt dernières minutes sanglantes qui nous mettent profondément mal à l’aise mais toute la première partie. Le spectateur sait que tout va mal se finir et en cela le film est prévisible. Mais Peckinpah parvient à créer une véritable psychologie pour ses personnages, à rendre leurs relations complexes et ambigües et c’est là que l’œuvre puise toute sa force, malmenant le spectateur de bout en bout.
Le cadre est situé dans l’Angleterre rurale. David Sumner, mathématicien américain, vient d’emménager avec sa femme Amy dans la maison d’enfance de cette dernière. Ils engagent des anciennes connaissances d’Amy pour construire leur garage. Très vite, David est témoin de situations étranges entre elle et les hommes. Est-elle victime de voyeurisme ? Ou au contraire provocante ? D’une nature pacifiste et calme, David est conscient qu’il devra finir par réagir.
Peckinpah dirige tous ses acteurs d’une main de maître. Du jeune David Warner (Titanic) à la star Dustin Hoffman (Rain Man), ils sont tous remarquables et l’on ne sait jamais vraiment que penser d’eux. Hoffman est d’une justesse incroyable lorsqu’il s’agit de retranscrire la fureur intériorisée de cet homme lâche confronté à des événements qui le dépassent. Peckinpah intègre des sous entendus et des détails dans sa réalisation qui aident à mettre en place une ambiance malsaine. Dans certaines scènes, en contrastant à l’aide de son montage les souvenirs de souffrance ressentis par les personnages et les moments de réalité joyeux , il nous amène très près d’eux et installe un réel malaise.
La violence ne justifie pas les moyens, y compris au cinéma. Pour choquer, nul besoin d’étriper, même si le film n’est pas exempt de séquences éprouvantes. Un chef d’œuvre du genre qui n’a rien à envier aux remakes récents des rape and revenge movies La dernière maison sur la gauche et I spit on your grave. Un film très dur, réservé à un public averti. C’est pas qu’on veut faire le comité de censure, mais bon.