Critique : Les gamins – Le retour du rire

Affiche du film Les Gamins réalisé par Anthony Marciano, sur laquelle Alain Chabat et Max Boublil sautent et rient en tenant le logo titre.

On râle souvent contre les comédies françaises. A juste titre. Dès que vous vous rendez au cinéma, vous pouvez être sûrs que vous allez avoir droit à au moins deux bandes-annonces de poilades franchouillardes. Et vous pouvez également être sûrs que ces courts extraits vous suffiront. En ce moment, c’est le grand retour de Dany Boon qui nous a laissé deux semaines de répit depuis son dernier film. Il y a également Les reines du ring à l’affiche. Et bientôt Le grand méchant loup. On sent déjà qu’on va pouvoir s’en payer une bonne tranche cet été. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de déprimer cette année, c’est le moment ou jamais.

Malgré ce triste constat, on continue d’y croire et l’on attend encore quelques bonnes surprises. Et s’il y en a bien un qui est capable de nous en offrir, c’est Alain Chabat. Même lorsqu’il rate en grande partie son coup comme c’était le cas avec le Marsupilami, il tente des choses et sait apporter sa patte à des univers pourtant difficiles à aborder car ils font souvent partie de notre patrimoine. Bien sur, on oubliera Turf. Et La guerre des boutons. Et Trésor. Même s’il est clairement l’un des meilleurs comiques actuels, Chabat n’hésite pas à collaborer avec des jeunes talents et l’on ne ressent pas chez lui l’ego surdimensionné de beaucoup d’humoristes de l’Hexagone. Sur grand écran, il aura travaillé avec Nicolas & Bruno sur La personne aux deux personnes ou encore Les Robin des bois sur RRRrrrr!!! Aujourd’hui, c’est avec le trublion Max Boublil qu’il a décidé de faire un long métrage.

Les gamins réussit à surpasser la plupart des œuvres du genre sorties récemment car au lieu d’enchaîner les gags mécaniquement, le film d’Anthony Marciano associe habilement une idée de départ captivante à des situations potaches réfléchies et inventives imaginées par le réalisateur et Boublil. Si l’on n’est habituellement pas fans de ce dernier, il faut reconnaître qu’il a de la répartie et d’excellentes influences. Ici, nous lorgnons plutôt du côté de la comédie américaine et l’on est certains que des noms comme Will Ferrell ou Judd Apatow ne sont pas étrangers à Boublil et Marciano. Les gamins est probablement la clownerie française la moins datée que l’on ait vue depuis un moment. Si le dernier tiers est convenu et prévisible, il ne contient pas le côté ringard de la plupart de ses récents prédécesseurs. Jamais nous ne nous sommes sentis mal à l’aise devant le long métrage comme cela a pu être le cas devant des immondices telles que Protéger et servir ou Rien à déclarer.

Photo de Max Boublil et Alain Chabat dans le film Les Gamins. Pendant une soirée, les deux acteurs rient ensemble et se serrent la main amicalement.

Du côté de la mise en scène, il n’y a pas vraiment de créativité mais l’étonnement est tel que nous n’y faisons pas attention. S’il a souvent fait des erreurs de parcours, Chabat a cependant su capter tout au long de sa carrière l’humour qui caractérisait chaque génération. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est l’un des seuls à avoir traversé toutes les époques sans problème depuis ses débuts et qu’il est capable de toucher tous les publics. Ici, le rôle de ce quinquagénaire qui pète un plomb et décide de vivre une seconde jeunesse avec son gendre interprété par Boublil lui va comme un gant. Les deux acteurs sont entourés de Sandrine Kiberlain et Mélanie Bernier. La première est parfaite dans le rôle d’une bourgeoise coincée et rigide qui a du mal à se trouver des occupations. La seconde a une belle complicité avec Boublil et leurs séquences romantiques ne sont jamais ridicules.

Avec Les gamins, on est encore bien loin du niveau d’un Ricky Bobby ou Funny People mais il faut saluer la tentative tout à fait honorable. Porté par un duo dynamique et vraiment drôle, le film aborde un thème intéressant et ne provoque que des rires sincères et non gênés. Encore un petit effort et les français se rendront peut être compte qu’il y a une alternative à Joséphine ange gardien.

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