C’est bien connu, et ce depuis 1995, le poids lourd du dessin animé au format long métrage, c’est Pixar. Après son adaptation parfaite sur le thème de l’enfance vue à travers des jouets (Toy Story), son immersion aquatique touchante et délirante (Le monde de Nemo), sa descente dans le monde des insectes (1001 pattes) et sa tendre mise à jour du film de monstres (Monstres & Cie.), c’est au tour de l’univers des super-héros de passer à la moulinette du studio.
Mr Indestructible et Elastigirl ont depuis longtemps troqué leurs extraordinaires aventures pour une vie de famille bien rangée. Occupant des postes ordinaires et se consacrant à leurs enfants eux aussi dotés de pouvoirs, le couple tente de mener une vie normale coûte que coûte. Mais lorsqu’une mission leur est proposée après toutes ces années d’inactivité héroïque, le temps d’hésitation est de courte durée.
En redécouvrant ce petit bijou dans une copie Blu Ray parfaite 8 ans après sa sortie en salles, on se dit qu’il n’a pas pris une ride et surpasse même un grand nombre de blockbusters du genre sortis bien plus tard (Thor, Wolverine). Avec cette famille où chacun des membres détient un pouvoir différent, on pense évidemment aux 4 fantastiques ou à Superman mais Brad Bird réussit à s’en détacher et à créer sa propre mythologie, rendant hommage aux écuries Marvel et D.C. Comics mais n’hésitant pas à créer une multitude de nouveaux personnages, à l’image du génial Frozone, doublé par le grand Samuel L. Jackson (Pulp Fiction). Tous les fantasmes visuels que l’on ne pouvait pas voir à l’écran dans un film live à l’époque, l’animation nous les envoie pendant près de deux heures et l’on contemple ce chef d’oeuvre avec nos yeux d’enfants tant les situations retranscrites paraissent à la fois brillantes et imaginatives. Les Indestructibles fait partie de ces longs métrages complets qui réussissent à combiner un scénario créatif et intelligent à une mise en scène époustouflante. Brad Bird (Ratatouille), futur réalisateur de Mission Impossible 4, a même le temps de faire un clin d’oeil à la saga qui a popularisé Ethan Hunt qu’il vient de relancer brillamment.
Accessible à tous les publics, son film nous immerge dans le quotidien de ces êtres extraordinaires, provoque notre attachement à une galerie de protagonistes développés de manière équilibrée et réussit à poser des questions existentialistes comme dans chaque Pixar sans oublier la touche d’humour jamais excessive. En cela, Les Indestructibles parvient à remplir aisément tous les objectifs que Mégamind s’était fixé et qui s’avérait chiant, lourd et très fade. Encore une fois, les studios Dreamworks sont arrivés avec six ans de retard et n’ont pas hésité à pomper ouvertement le joyau de Pixar, à commencer par un méchant quasi identique, à la fois dans son physique et sa psychologie.
En abordant la famille sous un angle original comme pouvait le faire la trilogie Spiderman avec le passage de l’adolescence au monde adulte, Les Indestructibles offre un propos profond et ne se limite pas au grand spectacle. Pixar, comme avec Wall E, Là Haut ou l’excellent Toy Story 3, n’en finit plus de nous émouvoir avec sa sincérité même s’il est vrai que le dessin animé n’a pas le côté nostalgique des trois films cités. Ici, pas de constatation d’un monde perdu, mais au contraire la renaissance d’un genre sous une forme que l’on n’attendait pas mais qui paraît pourtant logique à la fin du visionnage.
A nos yeux, Les Indestructibles fait partie de ces films de super-héros ultimes, comme la magnifique trilogie de Sam Raimi sur l’homme araignée ou le poétique Hellboy 2. Mais en plus de ça, c’est également l’un des meilleurs dessins animés jamais réalisés. Décidément, Pixar est le studio qui a fait du bien à l’animation et au cinéma en général. En attendant leur prochaine création originale, Rebelle, n’hésitez pas à vous procurer leurs anciennes productions, indispensables à toute DVDthèque qui se respecte.