Critique : Les seigneurs – Humour relégable

Affiche du film Les Seigneurs d'Olivier Dahan sur laquelle l'équipe menée par José Garcia avance vers l'objectif avec un air victorieux.

Elle débarque enfin dans nos salles, la comédie française que tout le monde attendait, le digne successeur d’Intouchables, au casting encore plus impressionnant qui pourrait une nouvelle fois rassembler un public de tous horizons grâce à un récit social saupoudré d’un humour populaire irrésistible. En plus de tous ces éléments alléchants, Les seigneurs nous parle de football, sujet loin d’être détesté des français.

Patrick Orbéra est un footballeur qui a tout gagné, un héros national, une légende du ballon rond. Aujourd’hui, la gloire est passée et le numéro 10, il l’a laissé au vestiaire. Il est devenu la banane du siècle. Père indigne, alcoolique, il écume les plateaux télévisés bourré jusqu’au moment où il dérape et frappe un collègue journaliste. Forcé par la juge d’instruction de retrouver un emploi, Patrick s’exile en Bretagne pour entrainer le club d’une petite île. Lorsqu’il apprend que la conserverie du village va être fermée si l’équipe ne gagne pas trois matchs de la Coupe de France d’affilée, Orbéra met tout en œuvre pour sauver les habitants en recrutant ses anciens équipiers, qui ne sont pas non plus au top de leur forme.

Les seigneurs correspond typiquement au genre de films où l’on se demande en sortant de la salle : « Tout ça pour ça ? ». Non pas que ce soit la daube de l’année où que l’on n’ait pas ri mais il faut reconnaître que le tapage médiatique est vain et l’on a du mal à cerner la sincérité de l’entreprise, comme c’est souvent le cas avec ce genre de productions (rappelez vous Astérix & Obélix aux Jeux Olympiques ou Les bronzés 3).

Le gros problème dans le long métrage de Dahan vient de la narration. Le scénario est délaissé pour une accumulation de gags qui s’enchaînent très mal et sont souvent très lourds. Chaque comique fait son show de cinq minutes pour ensuite laisser la place à son partenaire avant de faire une petite plaisanterie à deux ou trois pour montrer qu’on s’éclate ensemble. Mais en dehors de ça, c’est le néant. Pourtant, Olivier Dahan, qui avait séduit tout le monde avec La môme, est loin d’être dénué de talent, comme ses comédiens d’ailleurs, mais on n’y croit pas. La présentation des enjeux est bâclée, la réalisation faiblarde (hormis certaines scènes comme la sympathique ouverture) et les amateurs de football risquent d’être déçus car les séquences de matchs sont majoritairement mal emballées.

Photo de Franck

On retrouve quelques bonnes idées par-ci par-là comme le fait de rapprocher chaque personnage à un joueur emblématique. On sourit de temps en temps, devant les grognements de Joeystarr (Polisse) ou les mimiques de Frank Dubosc (Incognito) mais c’est tout. Dans la salle, il y a quelques éclats de rire mais c’est bien peu comparé à nos attentes. On connaît le potentiel de chacun des comiques et forcément, on se dit que c’est un gâchis. Dans les moments sérieux, Jean Pierre Marielle (Les âmes grises) et José Garcia (Rires et châtiments) sont loin d’être mauvais mais les scènes sont mal introduites et l’on ne s’attache jamais à eux. Le propos social du film est honorable mais le spectateur n’y prête pas vraiment attention. Il attend que ça décolle et l’on se retrouve déjà au dernier match avant d’avoir pu apprécier une ou deux punchlines bien senties.

Les seigneurs est une association de types que l’on aime bien mais qui ne sont pas impliqués et l’on se demande si les réunir en si grand nombre était une bonne idée. Nul doute que le film fera un carton, et même s’il n’est pas dénué de qualités, il relève plus de la frappe non cadrée que du but en pleine lucarne.

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