Passé inaperçu en salles, London Boulevard vient tout juste de sortir en vidéo. S’il est loin d’être un chef d’œuvre, le long métrage reste tout de même fort sympathique et vaut largement le coup d’œil.
Film de gangster britannique interprété par des acteurs à la mode qui en énervent beaucoup, agrémenté d’une bande originale bourrée de standards, l’œuvre de William Monahan comporte certes un goût de déjà-vu.
Son charme réside en grande partie dans le parcours du personnage principal. Ce dernier, tout juste sorti de prison, tente de se réintégrer dans la société en bossant pour une jeune actrice dépassée par sa célébrité. Malheureusement, il est vite rattrapé par ses anciens partenaires qui ont du boulot pour lui.
En adaptant un roman de Ken Bruen, écrivain irlandais prolifique, Monahan, également scénariste, a su rester fidèle à son modèle tout en apportant des changements intéressants.
Tout d’abord, la suppression de certains personnages permet au film de ne pas se perdre dans des longueurs inutiles. Le héros, joué par Colin Farrell, devient plus attachant. Ici, c’est un homme qui a une réelle envie de s’en sortir et qui a une porte de secours. Sa relation avec Keira Knightley le rend profondément humain même si les accès de violence peuvent surgir très vite. En cela, l’interprétation de l’acteur « irritant » est particulièrement réussie. Dans le livre, Mitchel est une véritable crapule charismatique et drôle qui se montre la plupart du temps agressive. Dès les premières pages du roman, le lecteur est conscient que son histoire a beaucoup de chances de mal se terminer. Le film est bien moins cruel que le livre malgré son cynisme. Défaut ou qualité ? Les deux peuvent être justifiés.
Monahan n’a pas le sens de la mise en scène de Scorsese, pour qui il avait scénarisé Les infiltrés (2006). Il n’a pas non plus le talent de Guy Ritchie pour développer des intrigues complexes remplies de personnages secondaires même si ceux du film sont tous très bons, incarnés notamment par David Thewlis, Anna Friel ou Stephen Graham. Il faut donc prendre London Boulevard pour ce qu’il est. Un bon divertissement qui tient debout grâce à la qualité de tous ses acteurs et qui n’a aucunement la prétention de rivaliser avec les chefs d’œuvre du genre, que ce soit les premières œuvres de Tarantino ou les films de gangster anglais des années 70 comme le génial Get Carter (1971).