Critique : Looper – L’évadé du futur

Affiche du film Looper de Rian Johson sur laquelle nous voyons le personnage interprété par Bruce Willis et Joseph Gordon-Levitt côte à côte sur un montage photo futuriste.

Il y a encore quelques jours, on pensait avoir cerné le principe de Looper, le nouveau long métrage de Rian Johnson (Une arnaque presque parfaite). Nous avions une idée du synopsis et la campagne marketing efficace laissait présager un film de science fiction bourré d’action, porté par un duo d’acteurs ultra charismatique. Et même s’il comporte tous ces éléments, Looper représente également l’une des plus grosses surprises de ces derniers mois et s’avère être l’une des rares œuvres de cette année qui nous a emmenés sur un terrain totalement stupéfiant.

Nous sommes en 2044. La machine à remonter le temps n’a pas encore été inventée mais bientôt elle le sera. Joe est un looper, un tueur à gages. Lorsque la mafia lui envoie un homme du futur, il est chargé de l’exécuter. Mais lorsqu’il se retrouve face à lui-même, Joe ne remplit pas son contrat et c’est le début d’une course poursuite effrénée.

Bienvenue dans un monde complètement désenchanté, où les gangsters sont la haute société et où tirer à vue dans la rue est devenu un acte complètement banal. Peinture d’une société en ruine, Looper nous emmène dans un triste futur où l’espoir est devenu un sentiment has been. Sans forcer sur les effets spéciaux, Johnson nous plonge dans un univers inédit mais réaliste et gère parfaitement l’introduction de son protagoniste principal et son environnement.

Joe est comme tous les autres. Tuer est un métier et son quotidien hardcore est une routine qui lui plaît et lui correspond. Grâce à un excellent découpage, le réalisateur nous immerge dans la vie de cet individu sombre mais attachant et n’a besoin que de quelques minutes pour poser les bases de son récit et ses enjeux. Après ça, c’est l’arrivée de l’autre Joe envoyé dans le passé pour être abattu. Et si vous pensez qu’à partir de cet instant Looper devient un enchaînement de scènes spectaculaires, vous vous trompez. Evidemment, les fusillades sont présentes, le suspense est très bien amené mais l’action pure devient un élément secondaire. En cela, Johnson réussit ce qu’Andrew Niccol n’avait pas su faire avec Time Out et son film se révèle être le parfait antagoniste de blockbusters vides tels que le dernier Total Recall.

Photo de Joseph Gordon-Levitt dans Looper de Rian Johnson où l'acteur pointe une arme vers une victime au sol.

Doté d’une véritable réflexion, le long métrage aborde dans sa deuxième partie des thèmes passionnants qui ne touchent pas qu’au domaine de la science fiction. La confrontation directe et indirecte entre les deux Joe est magistrale, et l’évolution de l’homme, son changement d’ambitions et sa maturité sont à nos yeux certains des gros points forts de Looper. Joseph Gordon-Levitt (Inception) fait preuve d’une sobriété remarquable et Bruce Willis (Die Hard) n’avait pas été aussi touchant depuis longtemps. Johnson met en avant les changements du tueur avec une grande subtilité. On pense notamment à une somptueuse séquence qui nous montre le parcours dans le temps de Joe et à un monologue poignant de Willis.

Pour faire encore plus fort, le metteur en scène introduit deux personnages clés quasiment invisibles dans la bande annonce, celui d’Emily Blunt (Sunshine Cleaning) et de son fils. La comédienne incarne une redneck désabusée qui se retrouve sur la route du jeune Joe et jouera un rôle capital dans la tournure des événements. Et l’air de rien, dans cette partie, Looper dévoile une tendresse et un humour qui font mouche mais bascule également dans une noirceur et un registre étonnant

Looper est une œuvre bourrée de références qui parvient à trouver sa propre identité. Intelligent, proposant un rythme inédit et quelques idées de réalisation assez géniales, le film ne révolutionne pas le genre mais représente la petite claque dont on avait besoin.

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