Critique : Magic Mike – Showboys

Affiche du film Magic Mike sur laquelle Channing Tatum et ses partenaires enflamment une piste de strip-tease.

Des trois films sortis en moins d’un an de Steven Soderbergh, Magic Mike est clairement celui que nous attendions le moins. Reposant sur un casting solide mais pourtant moins prestigieux que ceux de Contagion et Piégée, d’un sujet dont on se foutait royalement et d’une campagne de promotion prévue pour attirer les midinettes, Magic Mike n’avait en apparence pas grand-chose à nous offrir. C’est finalement celui qui nous a le plus convaincus, et pas uniquement parce qu’on a vu Channing Tatum en string.

Mike est un homme à multiples facettes. Le jour, il travaille dans le bâtiment, gère plusieurs entreprises et rêve de créer sa boite de meubles vintage. La nuit, il fait partie d’un groupe de stripteaseurs dans un club de Tampa mené par l’excentrique Dallas. Un matin, Mike rencontre Adam, qui n’arrive pas à trouver un emploi stable. Lorsque ce dernier accepte l’opportunité que Mike lui offre, il ne sait pas qu’il est sur le point de pénétrer dans un univers hors du commun, fascinant et dangereux.

Pour son scénario, Soderbergh s’est inspiré de la vie de son acteur principal, Channing Tatum (G.I. Joe). D’ailleurs, le comédien s’est très impliqué dans le projet et cela se ressent immédiatement à l’écran. Extrêmement doué pour les séquences de shows rythmées, drôles et bien emballées, Tatum est également très crédible lorsqu’il s’agit de jouer la comédie. Grâce à lui et sa partenaire Cody Horn (Twelve), la love story convenue n’est jamais irritante et Sorderbergh prend le temps de poser sa mise en scène pour faire exister ses personnages en dehors de la boîte de nuit.

Photo d'Alex Pettyfer et Matthew McConaughey se regardant dans le miroir d'une salle de sport dans le film Magic Mike de Steven Soderbergh.

En effet, nous avions peur que le cinéaste aborde son sujet en surface comme il l’avait fait dans ses deux derniers films, pas désagréables mais trop brouillons pour convaincre totalement. Ici, il pénètre totalement dans ce monde déjanté où le rêve américain se vit à travers le culte du corps et des billets verts. Il offre aux deux personnages secondaires interprétés par les impeccables Alex Pettyfer (Time Out) et Matthew McConaughey (La défense Lincoln) des rôles consistants et complémentaires au personnage de Mike, notamment dans l’opposition qu’ils créent lui. Par ailleurs, McConaughey joue magistralement de son image, comme Tatum le faisait dans 21 jump street, et rattrape toutes les années perdues de sa carrière durant lesquelles il a préféré s’enfermer dans des comédies romantiques calibrées et sans charme (Hanté par ses ex, L’amour de l’or). On a hâte de le retrouver dans Killer Joe, Bernie mais aussi The Wolf of Wall Street, le prochain Scorsese.

Evidemment, des défauts, Magic Mike en a comme ses quelques longueurs et le fait de ne pas assez approfondir le côté entrepreneur du héros. Dans sa critique du système économique américain, Soderbergh n’est jamais trop lourd, et l’on comprend qu’il est là pour divertir son spectateur en lui racontant une histoire pourtant difficile à rendre intéressante.

Magic Mike est l’une des bonnes surprises du mois d’août pas du tout le film de kékés auquel nous nous attendions. Moins bâclé que Contagion et Haywire, interprété par des comédiens sobres, le long métrage n’atteint pas le niveau des premières œuvres de Soderbergh (Hors d’atteinte) mais reste néanmoins plaisant et agréable.

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