On l’attendait, le grand retour de l’homme qui a popularisé le mythe du slip. Non pas parce que nous sommes de grands amateurs de ce super-héros qui paraît un peu trop lisse malgré son riche univers. Mais parce que l’association de Snyder et Nolan était très intéressante sur le papier, le premier étant un excellent technicien et le second un auteur de blockbusters grand public toujours intelligents. Lorsque les différentes bandes-annonces ont été dévoilées, nous étions plus que confiants et nous croyions d’ores et déjà à la renaissance de l’immortel le plus célèbre de la pop culture. Fallait-il s’emballer aussi vite ?
Sûrement pas, car même si l’on assiste à un grand spectacle réellement impressionnant, on ne peut s’empêcher après la découverte du long métrage de Snyder de repenser à ses défauts qui ne nous ont pas échappés. La principale faiblesse de l’œuvre vient de son rythme. Les différentes parties de Man of Steel sont déséquilibrées. Si elles sont toutes intéressantes, certaines sont en revanche trop courtes à l’image de l’émergence de Superman et de la découverte de ses origines. En une scène, Snyder boucle toutes les explications et cela est quelque peu contradictoire avec son parcours initiatique brillamment développé à travers de nombreux flashbacks. Nous sommes convaincus qu’une version longue atterrira dans les bacs et nous serons les premiers à nous ruer dessus car si ce chapitre semble bâclé, il regorge néanmoins de trouvailles scénaristiques et visuelles brillantes comme les éléments qui amènent Clark Kent et Loïs Lane à se rencontrer.
On regrette également que leur relation soit passée à la trappe, d’autant plus qu’Amy Adams (The Master) est une comédienne qui n’arrête pas de prouver qu’elle n’est pas qu’un faire valoir pour les mâles virils comme Hollywood sait si bien les mettre en scène. En revanche, ce que l’on retiendra probablement le plus, ce sont les séquences où Clark/Kal-El est formé par ses deux pères. Le premier incarné par un Russell Crowe tout en sobriété et en puissance est le héros du chapitre se déroulant sur Krypton, planète destinée à une fin tragique. Le second joué par Kevin Costner (Open Range) se révèle être le protecteur de Clark à qui il enseigne l’humilité et la discipline. Les passages où ils interviennent contiennent toute la puissance émotionnelle de Man of Steel au même titre que ceux où Diane Lane (En pleine tempête), la mère adoptive de Clark, apparaît. Face à eux, Henry Cavill, golgoth élevé aux blancs de poulet pendant 12 mois, est très crédible en Superman, laissant transparaître la bonté et la naïveté du sauveur de l’humanité sans pour autant le rendre niais ou ridicule.
Il a même la chance d’affronter un méchant ultra charismatique et ambigu campé par le génial Michael Shannon (Mud), l’homme au regard le plus vicieux de toute la planète cinéma (derrière Marty Feldman). Par contre, il faudrait dire aux scénaristes que refaire la ville de Metropolis en s’envoyant à tour de rôle dans les buildings, c’est marrant vingt minutes, pas quarante-cinq. Enfin, on se doit de dire un mot sur la partition de Hans Zimmer qui fait un travail très éloigné de la symphonie imaginée par son prédécesseur John Williams. S’il est vrai qu’elle appuie beaucoup sur les tambours et qu’elle est très bruyante, on a du mal à comprendre les critiques qui continuent à chercher un thème pourtant bien identifiable.
Man of Steel est loin d’être le chef d’œuvre abouti que l’on avait imaginé car Zack Snyder a encore un peu de mal à respecter l’équilibre entre les scènes profondes et contemplatives et les séquences de destruction massive. Il n’en demeure pas moins un divertissement prenant et réussi, qui dépoussière un mythe qui en avait bien besoin. Le coup d’essai est efficace mais nous attendons encore plus pour la suite.