Critique : Millénium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes – No country for women

Affiche du film Milénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Daniel Craig est de face devant un fond gris. Rooney Mara est derrière lui de profil.

Voilà une saga avec laquelle on a tout fait à l’envers. On voulait lire les livres, mater la trilogie suédoise pour finir sur le film de David Fincher. Finalement, on le fait dans l’autre sens. N’ayant pu résister au charisme de Daniel Craig dans Skyfall, on s’est dit qu’il fallait rattraper l’expérience Millénium en Blu Ray. Et nous avons eu raison. Ce n’est pas seulement Bond avec son regard envoûtant et son corps d’acier qui nous a conquis mais l’ensemble de l’œuvre. Explications.

Mikael Blomkvist est un journaliste d’investigation reconnu. Lorsque l’un des plus grands magnats de l’industrie suédoise le contacte pour enquêter sur la disparition de sa nièce survenue 40 ans auparavant, Mikael ne sait pas qu’il est sur le point de découvrir une affaire sordide. Pour l’aider dans ses recherches, il engage Lisbeth Salander, une brillante enquêtrice mystérieuse et insociable.

Quelle excellente idée d’avoir confié la réalisation à David Fincher. Lui qui a su instaurer des ambiances paranoïaques, oppressantes et glauques dans des films comme Seven, Zodiac ou The Game, s’approprie à merveille l’œuvre de Stieg Larsson. Pas besoin d’avoir lu les romans d’origine pour se rendre compte que la mise en scène est impressionnante. Chaque plan paraît calculé et comme dans The Social Network, Fincher parvient à donner du rythme à son long métrage tout en prenant le temps de développer chaque protagoniste comme il le mérite et pour faire avancer l’histoire doucement mais sûrement. Au final, on ne voit pas passer les 2h38 et même s’il y a forcément quelques longueurs, Millénium est un thriller qui dépasse aisément nos attentes.

Comme Scorsese l’avait fait avec Les Infiltrés ou John Carpenter avec The Thing, il prouve que l’on peut justifier un remake ou la réadaptation d’une œuvre originale en y apportant sa créativité et ses propres idées. Des tâcherons comme Marcus Nispel (Conan) ou Len Wiseman (Total Recall) devraient vraiment en prendre de la graine. La dimension réfléchie du long métrage ne l’aura pas empêché de faire un carton en salles et Fincher se range à nos yeux aux côtés de types comme Christopher Nolan (Inception) qui savent faire du cinéma intelligent, généreux et spectaculaire à la fois.

Photo de Daniel Craig et Rooney Mara dans le film Millenium, les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Les deux personnages discutent assis près d'une table d'appartement.

Au niveau du scénario, on ne peut pas dire que l’intrigue soit originale puisqu’il s’agit au final d’une histoire de serial killer assez basique. Mais ce qui est formidable, ce sont les deux personnages principaux, opposés mais complémentaires. Fincher commence par une présentation séparée et le spectateur s’attache immédiatement à eux puis les rapproche pour les faire entamer une relation peu conventionnelle. Notre coup de cœur revient à Lisbeth, la meilleure héroïne d’une œuvre policière depuis bien longtemps. On ne peut pas comparer la prestation de Rooney Mara (The Social Network) à celle de Noomi Rapace, l’actrice de la trilogie suédoise, mais ce qui est certain, c’est que la jeune américaine n’aurait pas volé son Oscar, même face à Meryl Streep. Quant à Daniel Craig, il est très sobre mais ne paraît jamais détaché comme c’était le cas dans l’infâme Dream House. On le sent impliqué et le fait qu’il soit fébrile par rapport à Lisbeth provoque notre empathie et notre sympathie. C’est également le cas pour elle mais pour des raisons différentes. Sa rage contenue et son côté borderline associés à son intelligence et sa malice font d’elle un être fascinant. Quant aux seconds rôles, ils sont tous incarnés par des pointures qui remplissent leur contrat sans problème, à l’image de Christopher Plummer (Beginners), Stellan Skarsgard (Ronin) ou Robin Wright (Forrest Gump).

Encore une fois, nous nous sommes trompés en croyant que ce remake n’aurait aucune utilité et nous vous recommandons grandement ce polar pervers où les hommes n’aiment pas les femmes, comme c’est si bien résumé dans le titre. A voir pour Fincher et son style inimitable et pour les deux personnages principaux, que vous aurez envie de retrouver après la fin du film, fataliste et teintée d’amertume, qui s’avère être la conclusion parfaite à ce récit sombre mais loin d’être déprimant.

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