Depuis près d’un an, Marilyn Monroe est revenue dans l’actualité, non pas avec une réédition d’un coffret DVD recensant toutes les grandes œuvres de l’icône, ni pour l’utilisation de ses photographies pour la nouvelle collection Fly. Non, la plus grande star du cinéma a fait l’objet de trois produits culturels bien plus intéressants. Tout d’abord, elle magnifie l’affiche du 65ème Festival de Cannes comme l’avait fait Faye Dunaway l’année passée. En la regardant on l’imagine déjà fredonner son fameux « Happy Birthday ». Ensuite on a eu la chance de la découvrir dans sa Confession Inachevée, écrite en collaboration avec Ben Hecht et rééditée aux éditions Robert Laffont ainsi que dans le film My Week With Marilyn qui sortira en avril dans les salles obscures de l’Hexagone.
Le film réalisé par le britannique Simon Curtis relate le douloureux tournage du Prince et la danseuse mis en scène par Sir Laurence Olivier (Le limier), autre légende du septième art et du théâtre. Le parallèle que l’on peut faire entre le livre et le long métrage est que l’on ressent dans les deux une certaine mythologie du cinéma. On a le sentiment de pénétrer dans l’âge d’or et d’en apprendre un peu plus sur certaines personnalités. Lire la rencontre entre l’immense John Huston et Miss Monroe et découvrir à l’écran les relations difficiles qu’elle entretenait avec Olivier représentent un véritable plaisir mais provoquent également un sentiment de triste surprise. En effet, dans le monde du cinéma, on a parfois l’impression que tout n’est que « luxe, calme et volupté ». Marilyn Monroe en est le parfait contre-exemple. Ce sentiment est renforcé par les photographies sublimes qui sont dans l’autobiographie, prises par l’ami fidèle de Marilyn, Milton Greene, brillamment interprété par Dominic Cooper dans le film, qui nous montrent Laurence Olivier et son actrice batifoler pour mieux nous faire rêver. Que nenni, les deux ne se supportaient guère et n’avaient aucune confiance l’un en l’autre malgré leurs bonnes intentions et leur respect mutuel.
Mais avant d’être une œuvre sur le cinéma, My Week With Marilyn est une histoire d’amour amère vue à travers les yeux d’un assistant réalisateur aux grandes ambitions. Le jeune homme est sur le plateau aux services des autres et voit ainsi tout ce qu’il s’y passe. Il est le seul à comprendre les différents partis et à essayer d’arranger les choses, au risque de se laisser emporter dans cette tornade dénommée Monroe. Il découvre ainsi une Vivien Leigh (Autant en emporte le vent) jalouse de voir la jeune Marilyn au sommet de sa carrière la « remplacer », comprenant que son heure de gloire est passée. Il est également témoin des relations entre Paula Strasberg (créatrice de la Méthode avec son mari Lee) et la star, qui n’a confiance qu’en elle et Milton Greene. Il voit un Arthur Miller qui n’arrive pas à sortir sa jeune épouse de ses tourmentes. Mais surtout, il se rapproche et tombe amoureux d’une Marilyn paranoïaque et angoissée, qui dévore les hommes en un coup d’œil tour à tour dans l’unique but de combler un manque d’affection qu’elle a toujours ressenti. Malheureusement, la petite Norma Jean, de son vrai prénom, n’échappera jamais à la pression que lui imposait Marilyn, préférant se cacher sous les apparences pour vivre des moments de bonheur furtifs.
Monroe avait une réelle puissance de star qui comblait son jeu parfois limité. Michelle Williams a une puissance de jeu qui fait d’elle une véritable star. Dans les premiers plans, on reconnaît l’actrice de Blue Valentine mais petit à petit, c’est Marilyn que nous entendons et reconnaissons. Une chose est certaine, elle n’aurait pas volé son Oscar. Tant pis. Kenneth Branagh a enfin l’occasion d’interpréter son modèle. Le jeune Eddie Remayne est charismatique, crédible et ne sonne jamais faux. Ils sont suivis par un casting impressionnant, allant d’Emma Watson (Harry Potter) à Judi Dench (James Bond), en passant par Dougray Scott (Mission Impossible 2) et Julia Ormond (Légendes d’automne).
Avec une mise en scène très sobre, Curtis revient sur un épisode inédit de la vie de Monroe qui résume très bien son personnage et nous immisce dans ses souffrances à travers le regard de ce jeune homme perdu. My Week With Marilyn est une œuvre sur le cinéma émouvante et intéressante qui prouve que Monroe n’aurait jamais imaginé l’impact qu’elle avait sur le monde. 50 ans après sa mort, elle continue à illuminer le septième art et à ce rythme, ça risque de continuer encore longtemps.