Pour fêter le premier anniversaire de notre site, nous avons choisi une œuvre qui représente à elle seule tout ce que l’on aime du cinéma et synthétise à merveille la filmographie de deux des meilleurs metteurs en scène de leur génération et probablement du septième art en général.
No country for old men, sorti sur les écrans français en 2008, est resté pour nous un film majeur de ces dernières années. Depuis la fin des années 80, les Coen nous ont offerts des personnages fascinants qui sont souvent dépassés malgré eux par les événements. On souvient forcément du Dude, qui se retrouvait dans un traquenard inimaginable suite à une erreur sur son identité, du Brad Pitt de Burn After Reading qui lui était dépassé par sa stupidité, de la policière enceinte Frances McDormand dans Fargo ou du père de famille juif d’A serious man.
Cette fois-ci, celui qui se retrouve dans le pétrin, c’est Josh Brolin, un redneck texan qui trouve malencontreusement une valise remplie de billets et qui va faire l’erreur de l’emporter avec lui. Quand il s’aperçoit qu’il est poursuivi par un tueur impitoyable, c’est le début d’une descente aux enfers qu’il ne pourra pas arrêter. Entre eux se trouve un flic, un vieux shérif prêt pour la retraite, qui se rend compte avec cette affaire qu’il n’a plus sa place dans ce monde.
Après le décevant Ladykillers et avant le jouissif Burn After Reading, les Coen ont fait une pause dans la comédie pour revenir au polar noir, très noir, genre dans lequel ils excellent. Le roman de Cormac McCarthy (La route) n’aurait pas pu être mieux adapté que par les frères car il brasse des thèmes qui leurs sont chers et dégage la fatalité présente dans la plupart de leurs films. Ici, l’innocence est un concept inconnu, la violence est un mode de vie et même les vieux briscards sont choqués par la tournure des choses.
Personne n’y est totalement bon mais certains y sont totalement mauvais. Javier Bardem (Skyfall) incarne le mal à l’état pur, le diable increvable que l’on n’enverrait pas à son pire ennemi. Complètement habité, l’espagnol effectue une prestation flippante. Il partage l’affiche avec Josh Brolin (Planète terreur), qui interprète un bouseux qui n’est pas caricatural à l’inverse des quelques gangsters mexicains présents dans le long métrage volontairement tournés en ridicule. Enfin, celui que l’on voit le moins mais qui laisse la plus forte impression, c’est Tommy Lee Jones qui retrouve un personnage dans la lignée de ceux qu’il jouait dans Trois Enterrements et Dans la brume électrique. Fatigué, il peine à trouver du courage dans un monde qu’il ne comprend plus et qui l’aura emporté comme ce fut le cas pour ses ancêtres. Dans le monologue final, il est d’une justesse incroyable et nous laisse des frissons bien après l’apparition du générique.
Les Coen explorent une nouvelle fois les traumas de l’individu et leur face obscure et le font avec générosité. Il n’y a pas un plan qui soit de trop, pas un dialogue ou un regard qui ne soient sublimes. Ils construisent leur film comme un western, une chasse à l’homme éprouvante aussi bien pour Brolin que pour le spectateur et l’on se souvient encore de la manière dont on était cloué au fauteuil lors de la projection.
No country for old men est à voir et revoir sans modération, comme toutes les œuvres des deux auteurs, la preuve vivante que les films de genre sont le support idéal pour aborder des thèmes profonds tout en divertissant constamment le spectateur.
Bon anniversaire messieurs! Impossible de passer à côté de ce film ne serait-ce que pour la prestation de bardem. J’ai déjà des frissons rien qu’à repenser à la scène du motel avec brolin et bardem. Un pur moment de cinéma!