Critique : Pacific Rim – Le miracle

Affiche du film Pacific Rim de Guillermo Del Toro sur laquelle nous voyons plusieurs Jaegers largués dans l'eau prêts à combattre.

S’endormir devant Pacific Rim, c’est quelque chose de très difficile étant donné que le long métrage est rempli d’explosions et de cris de monstres bizarres (les kaïjus). C’est sans aucun doute l’œuvre la plus bruyante de l’année et pourtant rien ne m’a empêché de tomber dans les bras de Morphée. Du coup, lorsque j’ai rouvert les paupières durant le générique de fin, j’ai quand même eu l’impression d’avoir loupé quelques chose, surtout lorsque je contemplais les visages ébahis des autres spectateurs. Pour rattraper mon erreur, je me suis directement rendu dans une salle IMAX 3D pour apprécier le spectacle du grand Guillermo Del Toro dans les meilleures conditions. Et cette fois-ci, je n’ai pas du tout eu envie de fermer l’œil.

Je ne m’y connais pas forcément en mechas, ces personnages en armures robotisées que l’on peut voir dans de nombreux mangas comme Evangelion ou dans des films comme Avatar ou Aliens. Je m’y connais encore moins en kaïjus, ces monstres géants dont Godzilla est le principal représentant. Mais cela ne m’a pas empêché de profiter de Pacific Rim, le blockbuster le plus impressionnant de l’année avec Cloud Atlas qui nous touchait sur un registre différent. Del Toro en rêvait et il l’a fait. Sa sincérité, on la ressent dès les premières images lorsqu’il lance le spectateur à travers un univers qu’il ne connaît pas forcément mais dans lequel il se sentira directement à l’aise grâce aux explications données et à la mise en scène claire, limpide et sans fioritures.

On le savait déjà notamment grâce à Hellboy 2 ou au Labyrinthe de Pan mais le cinéaste mexicain est un conteur de génie. Beaucoup de critiques ont reproché son histoire simpliste à Pacific Rim. Nous suivons un groupe de résistants qui défie les ordres du gouvernement pour continuer à combattre les kaïjus. On a même vu certaines rédactions qualifier cette perle de navet ultime dénué d’émotions qui n’est là que pour faire du bruit. Pourtant, en termes de narration, Pacific Rim frôle à nos yeux la perfection. Nous avons là un film de mercenaires où tous les protagonistes ont leur raison d’être dans le combat. On avait peur d’assister à un enchaînement de batailles mais ce n’est pas du tout le cas.

Photo de Rinko Kikuchi et Idris Elba dans le film Pacific Rim de Guillermo Del Toro. Dans une salle de contrôle, Elba semble donner un ordre ou un conseil à Kikuchi.

Au lieu de tout faire exploser en masse à la manière d’un Michael Bay, Del Toro se concentre sur ce petit groupe même s’il n’exclut pas les conséquences larges des différentes attaques. Les deux tiers du film permettent de développer la relation entre le héros interprété par Charlie Hunnam (Sons of Anarchy) qui n’est pas là pour faire le kéké insubordonné et Mako (Rinko Kinkuchi), une orpheline qui a soif de vengeance. Leur union est extrêmement importante car ensemble, ils vont être connectés pour piloter un Jaëger, ces redoutables robots présents sur l’affiche (tout cela est beaucoup mieux expliqué à l’écran). Il n’y a donc pas de romance inutile et Del Toro préfère s’attarder sur des thèmes comme l’honneur et la discipline qui sont certes plus subtils et moins communs mais tout aussi émouvants. Ces deux personnages ont pour mentor l’impérial Idris Elba (Luther), monument de charisme et meilleur leader vu au cinéma depuis un bon moment.

Visuellement, Pacific Rim est une pure merveille. Des séquences d’action aussi lisibles, aussi fluides et aussi spectaculaires, on en voit que trop rarement. Plusieurs fois pendant le film je me suis surpris à garder la bouche ouverte avec un épais filet de bave sur le bord des lèvres. Cette image est assez représentative de l’effet de l’œuvre sur le public.

Pacific Rim est doté de nombreux passages obligatoires du genre. Mais l’on voit l’importance du projet pour son créateur qui, une nouvelle fois, a su apporter un véritable message et même un propos écologique dans ce qui n’aurait pu être qu’un énième blockbuster sans âme. Del Toro est l’un des rares réalisateurs à posséder un tel sens de l’entertainment qu’il sait allier avec son amour pour le public, jamais pris pour un idiot et rassasié comme jamais, et pour toutes les références desquelles il sait se détacher tout en leur rendant hommage.

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