Bienpensant et démagogue, prétentieux et racoleur, beaucoup de termes négatifs ont été portés à l’égard du dernier film de Maïwenn. Il est facile de comprendre les différents points de vue tant la cinéaste développe un style qui peut soit faire mouche dès les premières minutes ou agacer jusqu’à la dernière.
Reprenant sa caméra portée qui la suit partout depuis Pardonnez Moi et son style de faux documentaire du Bal des actrices, Maïwenn a cependant troqué l’interprétation de son propre rôle pour celui d’une photographe qui doit suivre le quotidien de la Brigade de protection des mineurs. Le film n’est pas centré sur elle mais sur cette « famille » soudée aux individus aussi différents qu’attachants. Le premier reproche que l’on pourrait faire à Polisse est de rester en surface sur les problèmes des enfants, de ne pas creuser à fond les affaires qui viennent heurter le service et de ne s’attarder que sur quelques cas qui peuvent paraître stéréotypés et prévisibles. Cela reste un véritable plaisir de découvrir cet environnement à travers les différents regards de ces enquêteurs sous estimés mais passionnés, tous interprétés par des comédiens magistraux.
En effet, Emmanuelle Bercot et Maïwenn développent leurs personnages de manière intelligente même si certains dialogues manquent de finesse, comme par exemple la scène de la confession de JOEYSTARR à sa partenaire. Mais qu’importe, ils sont portés par des acteurs solides, dont les relations de complicité ou d’incompréhension sont très bien retranscrites, à l’image des binômes Marina Foïs/Karin Viard et Karole Rocher/Nicolas Duvauchelle. Celui qui est monstrueux, c’est JOEYSTARR. On ne va pas faire les Mathilde Seigner du pauvre mais il confère au film une intensité dont peu sont capables.
L’autre défaut que l’on pourrait pointer sur Polisse est sa construction en enchaînements de séquences qui paraissent parfois maladroites voire même inutiles. Mais encore une fois, Maïwenn réussit à nous convaincre en justifiant ce choix par une présentation plus large des individus et des situations qui trouvent leur place tour à tour dans un film dont les deux heures passent à toute allure. Jamais ennuyeux, toujours passionnant, Polisse prend aux tripes dans ses meilleurs moments, frôle le misérabilisme qu’il ne veut pas atteindre mais la sincérité réussit à prendre constamment le dessus. Le parti pris réaliste de la réalisatrice est une réussite. Pourquoi ne pas avoir pris de vrais professionnels ? On reste dans du cinéma fictif d’autant plus que l’équipe d’acteurs parvient à rendre hommage au service de la plus belle manière.
En tant que spectateurs, nous rions, pleurons, rageons avec cette équipe de bonhommes irrésistibles qui fait toute la force de l’œuvre. Maïwenn réussit à dépeindre des personnages à la fois seuls mais toujours au service de leurs coéquipiers et des mineurs qu’ils protègent. Des faiblesses, Polisse en a, comme le manque de développement de certaines intrigues. Œuvre parfaite ? Loin de là. Néanmoins, le long métrage reste l’un de nos coups de cœur de l’année 2011.
J’ai personnellement beaucoup de mal avec les docu-fictions. Impossible de me tirer la moindre émotion avec cette idée permanente en tête qu’il ne s’agit que d’une reconstitution poussée à l’extrême.
Miserabilisme, c’est bien le terme qui convient et quand Maïwenn s’en écarte pour faire un peu dans la dérision, ca deviendrait presque gênant. Je penseà cette scène où tous les policiers s’esclaffent devant une gamine contrainte de multiplier les fellations pour récupérer son portable…mouais…