Critique : Predator – L’ennemi intime

Affiche du film Predator de John McTiernan sur laquelle Arnold Schwarzenegger est dans le jungle, armé, observé par le capteur thermique du Predator.

Avant d’écrire La politique pour les nuls, il fut un temps où Arnold Schwarzenegger n’avait pas besoin de se justifier quant à la présence d’une quelconque neurone dans sa grosse tête autrichienne. A cette époque, l’ancien gouverneur de Californie ne faisait pas de discours. Il s’occupait de choisir des films qui lui ont permis de devenir une véritable icône du cinéma d’action. En travaillant avec des pointures comme James Cameron (Terminator, True Lies), John Milius (Conan le barbare), Paul Verhoeven (Total Recall) et dans le cas présent John McTiernan, le comédien a contribué au renouveau du genre et a participé à des longs métrages subversifs, violents et réalisés avec brio. Aujourd’hui, l’acteur tente de remettre le couvert dans des œuvres qui préfèrent tout miser sur l’humour et l’ironie (Expendables 2, Le dernier rempart) mais qui n’ont en aucun cas la saveur des pépites de sa jeunesse.

Predator fait partie de ces films devenus cultes avec le temps, souvent copiés mais jamais égalés. John McTiernan a prouvé avec Die Hard ou encore A la poursuite d’Octobre Rouge qu’il maîtrisait parfaitement l’espace et qu’il pouvait installer une tension grâce à son cadre comme peu de cinéastes ont su le faire avant lui. C’est également le cas dans Predator, dans lequel nous sommes témoins d’un affrontement entre un chasseur venu de l’espace et une bande de mercenaires envoyée dans la jungle pour retrouver l’un de leurs confrères disparu. Durant les deux premiers tiers du film, nous découvrons petit à petit cette créature redoutable qui ne tue que pour prouver qu’elle est au sommet de la chaine alimentaire. Les cadavres s’entassent et ces Expendables avec trente ans de moins comprennent qu’ils sont dans une forêt où ils ne maitrisent rien et où, pour une fois dans leur vie, ils risquent de perdre le contrôle malgré une force de frappe impressionnante.

Photo d'Arnold Schwarzenegger dans le film Predator de John McTiernan. Dans la jungle, l'acteur est recouvert de boue et prépare des pièges pour lutter contre son ennemi.

Malgré son côté série B assumé, ses effets gores très réussis et sa débauche d’effets spéciaux qui ont assez mal vieilli, Predator propose, comme la plupart des films de son auteur, une réflexion plus poussée que ce que l’on pourrait penser. Ici, et comme dans Die Hard ou Le treizième guerrier, nous assistons au combat d’un homme forcé de lutter face à une menace invisible. Là où Bruce Willis usait de stratagèmes habiles et où Antonio Banderas délaissait sa condition pour devenir brave et valeureux, Arnold Schwarzenegger décide de faire de la nature son alliée. Il abandonne ses armes automatiques, comprend le point faible de la bête et se prépare à un duel où seule son intelligence et sa ruse seront utiles. Nous assistons à un combat primitif, représenté à merveille par ce plan magnifique où le comédien pousse un cri de rage et de défi qui marque l’assaut final et qui est probablement l’une des plus belles déclarations de guerre du septième art.

McTiernan nous rappelle que l’être humain n’est civilisé que dans les environnements qui lui sont familiers et que l’instinct de survie est probablement l’une de ses plus belles qualités mais également l’un de ses plus gros défauts lorsqu’il le transforme en animal. Schwarzenegger passe son temps à exhiber ses muscles et à hurler en nous offrant des mimiques assez improbables. Mais c’est lorsqu’il se tait et fait son numéro de bourrin débile qu’il prouve qu’il n’est finalement pas si bête, car il le fait dans des œuvres qui sont bien loin de son apparente stupidité.

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