Annoncé comme le renouveau de la science fiction, vendu comme le retour d’un cinéaste au genre qu’il a su transcender (Alien, Blade Runner), destiné à devenir une œuvre culte avant même que l’on ait pu y jeter un œil, Prometheus est l’un des films que l’on attendait le plus cette année. Après une grosse campagne virale, des pistes envoyées ça et là sur la toile ou en interviews concernant le scénario et le lien avec la saga Alien dont il est censé être le prequel, l’heure est enfin venue de découvrir le nouveau long métrage de Ridley Scott (Gladiator), l’un des cinéastes les plus estimés d’Hollywood.
Une équipe de scientifiques découvre plusieurs messages sur Terre d’une espèce extra-terrestre et voit en ses signes des indices sur l’origine de l’humanité. Ils décident donc de partir explorer leur planète à bord du vaisseau Prometheus afin de trouver des réponses à leurs interrogations. Evidemment, le voyage ne sera pas de tout repos et quelques turbulences viendront secouer l’ensemble de l’équipage.
La première chose à souligner dans Prometheus est bien sûr sa beauté visuelle. Même si l’œuvre est rarement sublime au point de nous donner des frissons, elle n’en reste pas moins très réussie au niveau technique et les effets spéciaux sont irréprochables. Ridley Scott a su recréer un univers comme il l’avait fait dans Alien malgré les limites que lui impose son scénario qui confine les personnages dans deux endroits. Il retrouve le compositeur Marc Streitenfeld (Robin des bois) qui rend un hommage touchant à la partition du Huitième passager de Jerry Goldsmith.
Prometheus ne s’avère jamais à la hauteur de nos attentes. Le film est intéressant mais manque clairement de profondeur. Il tente d’aborder des thèmes complexes et fondamentaux, comme celui de la volonté des hommes de vouloir remonter jusqu’à leur créateur quitte à y laisser leur peau mais reste en surface. Le scénario, bourré d’incohérences parfois risibles que beaucoup de bloggeurs et journalistes se sont faits une joie d’énumérer n’interpelle jamais nos émotions comme on l’aurait pensé et comme il aurait dû le faire. Nous en attendions peut être beaucoup trop. Les personnages manquent d’épaisseur et ne provoquent ni notre empathie ni notre rejet. Sans pour autant regarder le long métrage passivement, nous les observons évoluer et leur sort ne nous surprend pas, malgré la qualité de l’interprétation. Cela est surtout dû au manque d’originalité du script. On aimerait déchiffrer ces fresques qui semblent contenir des secrets sur nos origines mais visiblement les scénaristes n’en ont rien à cirer. Ils préfèrent déguiser des choses assez simples en éléments ultra complexes et oublient de traiter le reste. Evidemment, l’argument de la nouvelle saga vient d’être lancé. N’est ce pas un peu trop facile ?
Malgré tous ces défauts, dire que nous avons passé un mauvais moment serait un mensonge. Ridley Scott est toujours capable d’instaurer une ambiance claustrophobe et oppressante. Quel bonheur de plonger au cœur de ces sombres couloirs dans lesquels une créature n’est jamais bien loin. Dans les rares séquences où il touche à l’horreur, Prometheus est réussi et même si la recette n’est plus toute jeune, elle fonctionne toujours à merveille. Le scénario est foutraque mais on ne peut s’empêcher d’avoir envie de revoir l’oeuvre lorsque le générique de fin apparaît, pour mieux se concentrer et percer un mystère subtil que l’on n’aurait pas résolu. Que dire des interprètes à part qu’ils sont tous géniaux ? La pauvre Noomi Rapace (Millénium) cavale dans tous les sens et ramasse tout le film mais elle se donne à fond. Michael Fassbender est probablement le plus convaincant dans le rôle de David, énigmatique et difficile à cerner. Idris Elba (Luther) rocks, comme d’hab’ et Charlize Theron est une nouvelle fois parfaitement insupportable après deux rôles du même acabit cette année (Blanche Neige et le chasseur ; Young Adult).
Au final Prometheus se révèle être une pâtisserie mal équilibrée, bourrée de crème chantilly mais qui manque de fruits juteux. Le long métrage est loin d’être désagréable mais n’est clairement pas le messie de la science fiction annoncé. Ridley Scott n’est plus le visionnaire des années 80 et confirme le sentiment que l’on a depuis plusieurs années. Celui qu’il est un honnête faiseur, inégal selon ses sujets.