Prenez un petit jeunot (plus tout jeune maintenant) qui a commencé dans le club Disney. Donnez lui la possibilité de faire quelques films indépendants pour se faire connaître et étaler sa palette de jeu. Ensuite, observez.
D’abord dans Crazy Stupid Love, Ryan Gosling joue un Don Juan séduisant chaque soir de nouvelles proies dans un bar, avant de devenir coach d’un Steve Carell cocu.
Parfait dans l’image pour ce rôle, Ryan nous montre un sourire digne de Colgate et des pectoraux semblables à un Taylor Lautner de Twilight (certes en plus viril). Il excelle dans le rôle, joue à merveille le tombeur qui tombe amoureux, parvient à donner envie au spectateur de le voir plus que les autres acteurs, qui sont pourtant très bons (Carell, Juliane Moore ou encore Emma Stone). Même si l’on pourrait commenter que le film de Requa et Figarra n’évite pas la mièvrerie de la comédie romantique américaine, il se tient constamment et fait preuve de bons entrelacements pour nous amener vers une fin originale (ahhh la confrontation dans le jardin).
Deuxième Round : Les Marches du Pouvoir.
Exit la comédie, place au drame/thriller politique réalisé par l’engagé George Clooney. Et que dire de ce film, hommage direct à tous ces oeuvres politiques sur fond de scandale des années 1970, passant des Hommes du Président (1976) aux Trois jours du Condor (1975). La mise en scène de Clooney ne faillit pas, les acteurs sont tous excellents. Notre peluche Disney joue ici le responsable médiatique d’un candidat à la maison blanche (George Clooney), « green » en apparence mais qui se révèle tout de même un tantinet véreux. Première partie, Ryan fait dans le simple, le beau gosse bosseur, qui a des bonnes idées et qui saute la stagiaire (Evan Rachel Wood). Mais quand il apprend que celui pour lequel il défend les idées a mit la dite stagiaire en cloque, rien ne va plus. Le bleu va sortir les crocs, jouer de tous ses pouvoirs (politiques) pour retrouver sa place. Chantage, manipulation, messes basses : bonjour le Dark Side du tombeur qui ne jure que par son job (« ma vie n’est que de la politique »). Ryan nous prouve qu’il a du jeu, qu’il jongle avec les émotions et qu’il arrive à tenir tête à de grands interprètes (regardez la distribution du film). Bingo. Public assommé, il ne manque plus que l’uppercut du K.O.
Et cet uppercut arrive avec Drive, de Nicolas Winding-Refn. Primé à Cannes pour une mise en scène éblouissante. La claque. Faites un film sur un cascadeur de voiture, avec des poursuites, une histoire de vengeance pour sauver une jeune et belle femme et son enfant, etc. Ok, le scénario est simple. Mais connaissez-vous beaucoup de films de « voiture » qui ne comptent pas plus d’une vingtaine de plans extérieurs de la fameuse voiture (en mouvement, précisons le) ? Winding-Refn nous assène une première claque visuelle. Et Ryan Gosling dans l’histoire ? Premièrement, c’est la base du film, qui a démarché, scénario en main, le réalisateur de génie pour qui il tourne. Encore une fois, il excelle. Il joue un homme simple, un solitaire comme nous n’en avons pas vu depuis bien des années, à l’image de De Niro dans Taxi Driver (1976) ou autres Steve McQueen et Clint Eastwood. Ryan version 2011 ressuscite le justicier masqué, antipathique à la base, qui vit sa vie sans intervenir dans celle des autres, et sans qu’eux n’interviennent dans la sienne. Pourtant, presque « comme d’habitude », il va se lier avec cette femme, l’impeccable Carey Mulligan, tout en restant dans son cercle vital. Puis un braquage, la mort du mari, le désir de vengeance pour cette famille menacée. Beaucoup diront que son interprétation est plate, et pourtant. Pas besoin de faire des monologues de 10 minutes pour expliquer les enjeux du héros, ni de le voir se battre à la Statham ou conduire comme Vin Diesel. Simple, bref, efficace. Pas plus, comme le montrent de nombreuses scènes, que ce soit celle du bar où il croise un ancien partenaire ; où encore celle de l’ascenseur, moment magique, avec cette lumière qui s’adoucit lors du baiser, avant que Ryan ne défonce à coup de talonnettes le nez et le crane du tueur à gages.
Et ce plan final, un simple panoramique remontant le long de la voiture…
Ryan a en trois films prouvé qu’il était digne de jouer avec les grands d’Hollywood, et que désormais son nom ne résonne pas uniquement avec « beau gosse » mais aussi et surtout avec acteur de talent. Pourtant son ascension n’a pas commencé ici, et je vous conseille de regarder des films qui lui ont permis de décoller, comme The Notebook (2004), Half Nelson (2006, nommé pour le meilleur acteur aux Oscars), Lars and the Real Girl (2007) et Blue Valentine (2011).
Kaboom pour Ryan Gosling. Note du mois: 18/20.
Guillaume Prévost
The « notebook », magnifique film, porteur de tant de messages. Il est vraiment beau gosse Ryan, le duo avec George doit être une belle réussite. Ce que je viens de lire me donne vraiment envie d’aller découvrir ce film.