2012 n’est pas seulement l’année de la consécration de Jean Dujardin et The Artist aux Oscars, du César du meilleur acteur pour Omar Sy ou de la deuxième Palme d’Or remise à Michael Haneke (Amour). Non, c’est aussi le retour du plus gros tataneur du cinéma d’action actuel, le brutal et charismatique Jason Statham (Hyper Tension).
L’année dernière, les choix de carrière du bourrin furent très moyens. Entre un remake pas très frais (Le flingueur), une série B qui se perdait dans un scénario faussement intelligent (Killer Elite) et un polar britannique glauque (Blitz), il faut dire que ce bon vieux Jaz’ ne nous avait pas vraiment emballés.
En voyant les premières bandes annonces d’Expendables 2 qui s’offre certes un réalisateur bien pourri (Simon West) mais aussi le casting le plus badass jamais réuni dans lequel il ne manque plus que Steven Seagal, on ne pouvait qu’attendre un retour puissant de notre nouveau chauve préféré. Puis, l’affiche de Safe nous est tombée dessus. Il faut bien admettre qu’elle est très moche mais voir Stath’ un flingue à la main protégeant une petite fille, ça attire forcément l’attention.
Pour les spectateurs qui s’attendent à quelque chose d’intelligent et créatif en lisant « Par le producteur de Kill Bill », nous tenons à vous prévenir tout de suite. Safe n’est pas totalement débile, mais ne vous attendez pas non plus à Inglourious Basterds mixé avec Man on fire, vous risquez de péter un plomb. Le scénario est très basique. Frank, ancien agent secret devenu clochard suite à une mésaventure avec des méchants russes qui n’ont pas hésité à buter sa femme, tombe un jour sur Mei dans le métro, qui tente d’échapper à ces mêmes méchants russes car elle détient les codes d’un coffre fort qui contient beaucoup d’argent. Alors forcément, notre justicier musclé décide de la protéger, mais ce qu’il ne sait pas, c’est que des méchants chinois et des méchants politiciens sont également à sa poursuite.
Safe commence très bien. Montage sec, scènes brutales, le spectateur est lancé dans un univers de gangsters qui n’est pas sans nous rappeler ceux de Quentin Tarantino (Jackie Brown) ou Guy Ritchie (Snatch). D’ailleurs le héros Frank ressemble légèrement au Butch de Pulp Fiction, incarné par le Bruce Willis de la grande époque. S’il nous fait penser à lui, ce n’est pas uniquement à travers sa coupe de cheveux, mais également car le long métrage s’ouvre sur une scène de combat clandestin dans laquelle Statham, censé perdre, envoie une mandale un peu trop forte à son adversaire qui tombe immédiatement dans le coma. Après ces séquences d’introduction, les points communs avec le réalisateur de Kill Bill s’arrêtent là. Boaz Yakin (Le plus beau des combats) n’a pas le talent de mise en scène du cador et il en est conscient.
Préférant le registre de la série B bourrine, Yakin profite de son atout majeur que représente son acteur principal et se repose sur ses larges épaules, même s’il agrémente son film de scènes d’action réjouissantes, maîtrisées, bien chorégraphiées et assez lisibles dans l’ensemble. Une fois que Jason se débarrasse du costume de Butch, il reprend le rôle d’un autre personnage de Bruce Willis, celui de Code Mercury et s’en va protéger une gamine qu’il ne connaît pas. Evidemment, Jason est plus souple que Bruce et cela lui permet de faire de jolies cascades et d’envoyer des assiettes couper la carotide de ses ennemis. Mais l’action-star n’est pas seulement un cogneur, il sait aussi élaborer des stathagèmes pour duper les méchants. C’est dans cette deuxième partie que le film s’essoufle et Yakin aurait pu mettre en boîte ces 45 dernières minutes en avance rapide, tant elles sont prévisibles, plates et décevantes.
Si vous avez une carte illimité, allez voir Safe et mettez un réveil pour partir après la première moitié du film. Le reste vous l’avez vu ailleurs et en beaucoup mieux. Pour les autres, le long métrage est largement dispensable, à moins que vous ne soyez des fans inconditionnels de Statham qui, il faut le reconnaître, sait encore mettre des coups de boule sans froisser son costume Gucci. Et ça, c’est un talent qui n’est pas donné à tout le monde.