Critique : Shame – Métro sexuel

Affiche du film Shame de Steve McQueen sur laquelle nous voyons le bas du corps de Michael Fassbender sous des draps bleus.

Ca y est, c’est certain, Michael Fassbender est l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Après avoir vu le film dont nous allons parler avec pas mal de retard, nous pouvons l’affirmer. A l’aise aussi bien dans les blockbusters (X men – le commencement, 300) que dans les œuvres indépendantes (A Dangerous Method), tout nu ou habillé, silencieux ou bavard, Fassbender est l’un de ces comédiens qui a le don de pouvoir tout jouer.

Dans Shame, il se glisse dans la peau de Brandon Sullivan, cadre trentenaire propre sur lui, charismatique, et qui paraît exempt de défauts. Seulement Brandon a une addiction. Celle du sexe. Lorsque sa sœur Sissy débarque à l’improviste chez lui, Brandon se retrouve dérangé dans son quotidien rempli de pulsions qu’il devra réprouver.

Après la grève de la faim jusqu’à la mort du membre de l’IRA provisoire Bobby Sands (Hunger), Fassbender retrouve le cinéaste Steve McQueen (Bullitt) pour un deuxième chef d’œuvre. Car en plus d’être porté par un acteur parfait, Shame est également une claque de mise en scène. McQueen aurait pu réaliser le même film sans y intégrer de dialogues, son long métrage aurait eu le même effet. L’œuvre puise toute sa force émotionnelle dans ses images, qui abordent les thèmes de la sexualité, la solitude et l’amour, avec une aisance qui paraît à la fois évidente mais nous étonne de bout en bout.

Photo de Michael Fassbender dans une rue dans la nuit dans le film Shame de Steve McQueen.McQueen opte, dans son introduction et sa conclusion, pour un traitement narratif en flashbacks dans lesquels, à travers les regards de l’acteur et les différents plans, on devine toute la complexité du personnage et l’on assiste ébahis à une évolution prévisible mais qui n’en demeure pas moins poignante. Sullivan est un personnage froid, sans attaches, qui s’adonne aux plaisirs de la chair impulsivement, sans émotions. La blancheur et la maigreur de Fassbender contribuent à provoquer cette impression glaciale chez le spectateur. Les scènes de sexe, chirurgicales, renforcent l’aspect glauque et spontané. McQueen réussit également à créer une opposition entre ce personnage renfermé et réservé qui ne se dévoile qu’à travers ces instants de désir compulsifs, et sa sœur, brillamment interprétée par Carey Mulligan, qui a tourné dans trois des meilleurs films de 2011 (Never Let Me Go, Drive). A l’inverse de Brandon, Sissy (deux prénoms sortis tous droits de Berverly Hills et Melrose Place) ressent un besoin de communication qui irrite son frère constamment à fleur de peau et qui sera source de conflits retranscrits dans des scènes intenses qui prouvent encore une fois que les deux acteurs se sont donnés corps et âme pour le bien du film.

Shame est une œuvre rare dont on se souviendra très longtemps. McQueen réussit à aborder l’addiction mieux que dans beaucoup de films qui traitent de la drogue ou l’alcool et sa mise en scène colle parfaitement à son propos. Dans un New York gris qui appuie le côté morne du personnage principal, Michael Fassbender et Carey Mulligan sont ces deux êtres perdus qui se déchirent jusqu’à un final magistral que McQueen ponctue au bon moment avec la bonne scène. Un bijou à se procurer absolument en DVD ou Blu Ray dès le 18 avril.

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