On n’aurait jamais misé sur Sam Mendes pour réaliser un James Bond. Depuis le début de l’ère Daniel Craig, ses deux prédécesseurs ont livré des opus assez inégaux. Pour Martin Campbell, qui revenait sur son terrain de jeu après GoldenEye, le résultat fut intéressant et Casino Royale représente un bon souvenir, ce qui n’est pas vraiment le cas du Quantum of Solace de Marc Forster (A l’ombre de la haine). Et à vrai dire, on pensait que Mendes nous livrerait un épisode du même calibre que ce dernier, ne parvenant pas à intégrer l’action sans pomper les maîtres du genre. Finalement, avons-nous été surpris ?
Après avoir été laissé pour mort, 007 doit faire face à un nouvel ennemi, Silva, ancien agent du MI6 qui n’a qu’une idée en tête, tuer M. Bond va devoir stopper le terroriste mais également protéger sa supérieure en danger.
Comme beaucoup de critiques ont déjà pu le dire auparavant, Skyfall nous a beaucoup fait penser à la trilogie du Dark Knight de Christopher Nolan, notamment dans son traitement des personnages et dans quelques retournements de situation. Mais plutôt que d’y voir un copié-collé, nous y avons plutôt vu un hommage et les éléments similaires ont très bien été adaptés à l’univers de Bond. Moins brutal, perdu et dépassé, le héros a du mal à suivre et ces failles apportent un élément inédit aux deux précédents dans lesquels Craig incarnait plus un tueur bourrin que l’agent toujours classe auquel nous étions habitués.
Le scénario est probablement le meilleur des trois derniers et s’il n’évite pas certaines longueurs, il suit une cohérence et une linéarité qui étaient complètement absentes de Quantum of Solace. Mendes sait qu’il a une horde de fans sur le dos et intègre à son long métrage un paquet de références subtiles à l’oeuvre de Ian Fleming et des précédents films. Cependant, même si l’on ne lui reprochera pas grand chose au niveau des scènes d’action beaucoup plus lisibles que celles de l’opus précédent, on ne peut pas dire qu’elles nous aient coupés le souffle et ce ne sera finalement pas ce que l’on retiendra en premier de Skyfall.
Ce qui nous a vraiment séduit, c’est l’évolution des trois personnages centraux. En plus de quinze ans de carrière bondesque, Judi Dench n’a jamais été aussi bien mise en valeur et c’est un réel plaisir de voir la relation à la fois froide et protectrice qu’elle entretient avec son meilleur agent. Dans la dernière partie qui prend un chemin auquel on ne s’attendait pas du tout, on découvre une nouvelle facette des protagonistes qui permet un attachement différent de la part du spectateur. Quant à Javier Bardem, il aurait pu tomber dans la prestation bouffonne et risible mais après No country for old men le comédien prouve encore une fois qu’il est très à l’aise dans les rôles de psychopathes aux pratiques douteuses.
Pour le reste, l’intrigue tournant vers le monde de l’informatique ne nous a pas déplus même si elle rappelle quelque peu le mauvais Die Hard 4. En revanche, on ne peut que saluer la présence de seconds rôles de grande classe, à l’image de Ralph Fiennes (Bons baisers de Bruges) et surtout Albert Finney (Wolfen). Enfin, cela faisait longtemps que l’on n’avait pas autant apprécié la chanson et le générique d’introduction.
Skyfall n’est pas vraiment original mais toutes les influences sont bien réutilisées et s’adaptent parfaitement au monde de Bond. Ce n’est clairement pas le film de l’année mais c’est un divertissement de haute tenue qui prend une tournure scénaristique sympathique et efficace.