Critique : Sleeping Beauty – Objet auteuriste difficilement identifiable

Affiche du film Sleeping Beauty de Julia Leigh. Nous y voyons le visage d'Emily Browning de face. Elle fixe l'objectif et semble nue. Une étiquette "A vous de juger" traverse l'affiche, comme pour signifier l'aspect sulfureux du film.

Ces derniers jours, une polémique a eu lieu autour du premier film de Julia Leigh. Fallait-il vraiment laisser l’interdiction au moins de 16 ans ? D’un point de vue visuel, le film ne présente aucune scène particulièrement choquante. En revanche, l’ambiance parvient à mettre le spectateur mal à l’aise.

Revisitation contemporaine du mythe de la Belle au bois dormant, Sleeping Beauty nous fait suivre le parcours de Lucy, interprétée par Emily Browning, révélation du décevant Sucker Punch (2011). Ici, la belle n’est plus une fille sage à l’image des contes. Elle se perd dans un monde où l’on se tape des lignes de coke dans des bars, déjeune des céréales à la vodka ou couche avec n’importe quel péquenot. Nous comprenons vite que la jeune et son univers ont bien changé depuis Perrault et les frères Grimm. Le vingt-et-unième siècle est devenu bien glauque et dégueulasse.

Après un démarrage volontairement lent, à l’image du reste de l’oeuvre, Lucy décroche un job étrange comme serveuse coquine pour des vieux pervers qui n’ont plus d’illusions sur la vie. Elle représente la pureté, vêtue de blanc là où tous les autres sont en noir. Les personnes qui l’emploient lui demanderont par la suite de passer des moments avec les messieurs. La condition est qu’elle soit endormie. L’héroïne n’aura donc aucun souvenir de ce qu’il s’est passé avec eux.

Photographie du film Sleeping Beauty réalisé par Julia Leigh. Nous y voyons l'héroïne incarnée par Emily Browning étendue sur un divan très élégant, recouverte partiellement d'un drap.

Cherchant durant tout le film son prince charmant, en demandant mécaniquement aux personnages avec qui elle n’a pas de relations sexuelles s’ils veulent l’épouser, Lucy aspire donc à sortir de cette prison, représentée par son quotidien et son nouvel emploi. Trouvera-t-elle l’heureux élu ?

Sleeping Beauty est un objet étrange, complexe et rempli de symboles. Malheureusement, toutes ces métaphores ne parviennent pas à rendre le film intéressant d’un point de vue scénaristique. La lenteur affirmée décevra beaucoup de spectateurs. Nous avons là une œuvre différente du simple érotisme revendiqué par les campagnes marketing, délivrant un message plus morbide. Après tout, comme le suggère l’affiche, c’est à vous de juger…

Ce contenu a été publié dans Critiques. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

1 réponse à Critique : Sleeping Beauty – Objet auteuriste difficilement identifiable

  1. Marie Caroline dit :

    Effectivement d’après ce que je viens de lire on est bien loin des contes de fées. Triste réalité, que celle de nos jeunes qui perdent chaque jour un peu plus de leur identité, à vouloir faire comme tout le monde et être « in ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.