Critique : Target – Drague Hard

Affiche de Target de McG sur laquelle Reese Witherspoon se tient entre Chris Pine et Tom Hardy au milieu d'une cible. Ils sont tous deux armés.

McG est sans aucun doute le réalisateur américain au nom le plus improbable. Avec son patronyme réduit en pseudonyme qui lorgne plus du côté Hip Hop que du septième art, le cinéaste impose d’entrée un côté bling-bling qui se ressent également dans la plupart de ses films. On se souvient de son appropriation cinématographique de la série Charlie et ses drôles de dames, qui avait laissé place à deux nanars complètement décomplexés (en particulier le deuxième) mais dans lesquels le réalisateur rassemblait un casting de stars venu s’amuser et tentait des idées de mise en scène kitschissimes voire même ridicules mais qui s’avéraient parfois jouissives. Ce côté débridé, il avait tenté de le perdre dans Terminator Renaissance, épisode censé relancer la saga pour une nouvelle trilogie mais qui ne rencontra pas le succès escompté. On sentait pourtant les bonnes intentions de McG, honnête dans la reprise de l’univers culte créé par James Cameron (Avatar) et dans certaines scènes d’action mais malheureusement trop confus dans son traitement de l’intrigue et de certains effets spéciaux qui frôlaient le mauvais goût.

Avec Target, le réalisateur a décidé de laisser tomber le sérieux et de revenir à ce qu’il sait faire le mieux, c’est à dire le stupide, l’incohérent. Il nous emmène dans un pitch de série B qui n’avait pas beaucoup de chance d’attirer notre attention dans lequel deux espions tentent de séduire la même fille après l’avoir rencontrée presque simultanément. Pour y arriver, ils utiliseront tous les moyens nécessaires. Il s’aventure dans un genre qu’avait expérimenté, entre autres, Doug Liman avec Mr & Mrs Smith, le film d’action mixé à la comédie romantique et il réussit plutôt bien son coup.

Photo de Tom Hardy et Chris Pine sur un balcon en costards dans le film Target de McG.

Ici, au lieu de bosser, les agents de la CIA font des concours de lancer de boulettes les pieds sur la table et utilisent les techniques à leur disposition pour chasser la donzelle au lieu de sauver le monde à la Bruce Willis. McG s’amuse avec les codes du genre et les détourne pour notre plus grand plaisir, fait parfois preuve d’un dynamisme et d’une inventivité réjouissants pour filmer les aventures de ces deux péteux. Il alterne plutôt bien les scènes des deux collègues avec leur cible et l’on se prendra même à rire des situations que provoquent leur caractère différent et les coups de bas qu’ils se feront pendant une heure et demie. On regrettera la présence d’un méchant complètement inutile interprété par l’inexpressif Til Schweiger (Inglourious Basterds), le manque de développement de l’intrigue secondaire et un montage parfois charcuté, en particulier sur la fin bâclée en cinq minutes et par ailleurs beaucoup trop prévisible.

Photo de Tom Hardy tenant un fusil à lunettes dans le film Target de McG.

Mais qu’importe, ça ne vole pas haut, ce n’est pas très intelligent mais pas non plus aussi bête que ça en a l’air et ça nous permet surtout de profiter de ce type, qui grimpe maintenant depuis deux ans et qui s’est révélé comme étant l’un des meilleurs acteurs de sa génération, le brutal et ultra charismatique Tom Hardy (Bronson, La taupe, Warrior). Prouvant qu’il est à l’aise dans tous les registres, il en arrive même à éclipser son partenaire Chris Pine (Star Trek, Unstoppable), pourtant très bon. Hardy était notre principale envie de découvrir Target et nous n’avons pas été déçus. Quant à la pétillante Reese Witherspoon (Walk the line), elle est toujours irrésistible, à l’aise dans ce type de rôles et trouve un personnage qui se rapproche de celui qu’elle avait dans la comédie Comment Savoir.

Target est le plaisir coupable du mois de mars, à ne surtout pas prendre au sérieux et duquel il ne faut pas attendre de miracle. Grâce à ses deux comédiens, il ravira sans doute les demoiselles venues accompagner leur moitié qui souhaitait voir du badass et des mecs qui défouraillent. A l’inverse d’un Michael Bay (Transformers) décidé à tout faire péter sans réel intérêt, McG, moins gourmand, a le mérite de faire profiter de ses bêtises à tout le monde.

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