Critique : The Bling Ring – Limitless

Affiche du film The Bling Ring de Sofia Coppola. Plusieurs paires de lunettes de soleil sont disposées à la verticale, représentant chacun des personnages principaux du film.

La mention “Inspiré de faits réels” est devenue un prétexte pour réaliser n’importe quoi. Un homme se coupe le bras au couteau suisse, si on en faisait un film ? Un jeune individu se tue en mangeant une mauvaise herbe, on pourrait peut-être en faire quelque chose ? On reconnait que les faits divers peuvent donner naissance à de jolies histoires brillamment racontées. Mais on se demande si Killer Elite ou Gangster Squad méritaient vraiment cette étiquette synonyme d’authenticité et de crédibilité pas tellement représentative des deux bourrinades. La phrase se trouve aujourd’hui sur l’affiche de The Bling Ring, qui s’inspire en grande partie d’un article de Vanity Fair.

Le récit de cette bande de jeunes californiens qui se divertissent en cambriolant des stars hollywoodiennes était, sur le papier, très prometteur. Il permettait à Sofia Coppola de continuer son analyse d’une jeunesse dorée et isolée comme elle l’avait fait dans le décevant Somewhere. Et de ce côté, son long métrage est assez réussi. La cinéaste nous dévoile sa critique d’une génération matérialiste et bouffée par les réseaux sociaux avec énergie et dynamisme. Là où l’on s’ennuyait dans Somewhere devant ses longs plans fixes contemplatifs, on suit avec amusement les péripéties de ce gang qui a légèrement perdu la valeur des choses. On les voit déambuler dans Los Angeles au ralenti sur un air Kanye West, partager de la coke dans les toilettes du club favori de Kirsten Dunst et faire plein de trucs cools pour tout teenager californien qui se respecte.

Photo du groupe d'amis mené par Emma Watson dans le film The Bling Ring de Sofia Coppola. Les cinq amis avancent fièrement dans les rues de Los Angeles.

Mais évidemment, après une bonne période d’euphorie arrive toujours le moment où il faut redescendre. Dans cette partie, Coppola n’est jamais moralisatrice, à l’image de Nick Cassavetes dans Alpha Dog ou Harmony Korine dans Spring Breakers. Préférant jouer la carte du cynisme, elle conserve le ton léger de la première moitié et s’applique à réaliser jusqu’au bout un long métrage hype et mainstream. C’est d’ailleurs le gros problème de The Bling Ring qui n’est finalement qu’un enchainement de séquences sympathiques qui ne démontrent aucune originalité ou véritable ambition dans la mise en scène. Sofia Coppola n’est plus l’auteur talentueuse du génial Lost in translation, de Virgin Suicides et Marie-Antoinette. The Bling Ring est une œuvre banale malgré la présence des thèmes de prédilection de sa réalisatrice.

Si l’on passe un agréable moment, c’est en grande partie grâce à un casting très convaincant constitué de comédiens débutants, mis à part Emma Watson (Le monde de Charlie). Cette dernière a enfin trouvé le rôle qui lui permet de se débarrasser de son image de première de la classe sans pour autant tomber dans la vulgarité et la facilité. En revanche, ce sont Katie Chang et Israel Broussard qui portent le film et bouffent l’écran dans la peau des deux leaders de cette équipe éduquée sur MTV. Tous les acteurs réussissent à être pathétiques durant leur chute et le spectateur qui les voyait insouciants dans la première partie finit par les trouver simplement ridicules.

The Bling Ring est plaisant mais vous n’en garderez pas un souvenir impérissable. Sofia Coppola dénonce les dérives d’une jeunesse aux valeurs sales et là où nous pensions voir un film provocateur, nous n’avons trouvé qu’un objet très convenu. Le dossier de Vanity Fair était peut être largement suffisant.

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1 réponse à Critique : The Bling Ring – Limitless

  1. L"accro aux dvd dit :

    Ce film marque malheureusement la descente aux enfers de Sofia Coppola qui enchaîne les déceptions depuis Marie Antoinette.
    Un scénario aussi creux qu’une coque de noix, une bande son décevante à côté de ce que nous avais pondu la réalisatrice sur ses précédents opus. Même si le scenar se veut baser sur des faits réels, tout ça est un peu facile. On googlise la celebrité avat de ramasser la clé sous le paillasson, tout ça est un peu gros en plus d’être inintéressant.
    Je crois que j’en ai désormais fini d’aller voir les films de sofia coppola à l’aveugle, il m’en faudra plus pour me convaincre!

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