George Clooney n’en finit pas de nous épater. Depuis quelques années, l’acteur tente des choses, participe à des projets qui ne nous attirent pas toujours au premier abord mais qui se révèlent toujours intéressants. Parfois c’est réussi, voire même très bien (Les chèvres du Pentagone, Michael Clayton). D’autres fois, c’est un rendez-vous manqué, comme ce fut le cas avec The Good German de Steven Soderbergh (Ocean’s Eleven, Contagion), hommage en noir et blanc aux films des années 40 et 50 comme Casablanca. C’est un acteur qui a tenté beaucoup de choses dans beaucoup de genres, du film d’horreur de série Z (Le retour des tomates tueuses) à la science fiction (Solaris). Mais les registres où il excelle sont sans aucun doute la comédie, pour laquelle il a si bien œuvré avec les frères Coen (Burn After Reading, O’Brother) et le drame, politique ou autres (Syriana, In the Air). Dans The Descendants, nous sommes un peu entre les deux.
Lorsque sa femme se retrouve dans le coma après un accident, Matt King, riche héritier de terres paradisiaques, se retrouve perdu. Ne sachant pas vraiment comment élever ses filles, il va devoir passer du temps avec elles. Des secrets referont surface et viendront le chambouler encore plus. Matt, dans la panade, ne sait plus où donner de la tête car même s’il est roi dans les affaires (comme son nom l’indique), être père est un tout autre travail.
Avant de vraiment parler du film, il faut souligner l’une de ses qualités. C’est de ne pas utiliser la chanson Over the Rainbow du défunt Iz, que l’on a entendu 14 537 983 fois en 2010 à la radio ou la télé. Etant donné que le chanteur est hawaïen et que c’est le cadre du film, on aurait pu y avoir droit. Refermons cette parenthèse musicale.
Comme il l’avait fait dans le très bon Mr Schmidt, Alexander Payne se place du côté du père et des relations compliquées que l’on peut avoir avec ses mioches. Encore une fois, c’est l’accident tragique de l’épouse qui va remettre en cause l’homme. Sauf qu’ici, le paternel n’est pas Jack Nicholson (Shining, Les infiltrés) mais Clooney et ses marmots ne sont que des adolescents, pas des adultes. Le cadre est plus chaud, plus chaleureux et Payne l’utilise bien. Les paysages magnifiques contrastent avec le bouleversement que subit la famille.
Clooney est remarquable et mérite amplement son Golden Globe. Les seconds rôles, et en particulier le trio de jeunes qui l’accompagnent, sont excellents. On est heureux de revoir des acteurs assez rares comme Robert Forster (Jackie Brown) ou Beau Bridges (Suzy et les Baker Boys). Les dialogues sont savoureux et la cadette hyperactive est vraiment irrésistible. Le film nous rappelle deux œuvres magnifiques qui traitaient eux aussi des rapports familiaux dans un registre plus dramatique, La maison du lac (1981) et L’île des adieux (1977). Si vous aimé The Descendants, n’hésitez pas à vous les procurer. On est touchés et l’on passe rapidement du rire aux larmes. Malgré quelques scènes moralisatrices, les relations et le rapprochement se font avec une belle sincérité, sans pathos, que ce soit dans le scénario ou le jeu des acteurs. Clooney incarne parfaitement l’homme banal remis en question, comme il l’avait fait dans le très bon In The Air de Jason Reitman (Juno). On n’a pas fini d’entendre parler de la révélation Shailene Woodley.
Comme le prouve la belle scène finale, les films d’Alexander Payne ne parlent pas vraiment de choses exceptionnelles mais restent originaux et sont dotés d’un vrai charme. George Clooney reste très charismatique même avec ce genre de chemises. Il démontre une nouvelle fois qu’il peut alterner œuvres indépendantes et blockbusters avec brio entre deux pubs au paradis.